« HENRY VIII », OPERA MAGISTRAL POUR UN ROI INTRAITABLE ET CRUEL

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« HENRY VIII » – Opéra en quatre actes et six tableaux – Livret de Pierre Léonce Détroyat & Armand Silvestre d’après l’œuvre de William Shakespeare & Pedro Calderón de la Barca – musique de Camille Saint-Saëns – mise en scène : Olivier Py – direction musicale : Alain Altinoglu au Théâtre de LA MONNAIE à Bruxelles les 11, 13, 16, 18, 23, 25 & 27 mai 2023 à 19h00.

Quand le rideau se lève sur cette production de Henry VIII de Camille Saint-Saëns au théâtre de La Monnaie, oui, certainement, se dit-on, on n’en a pas fini avec les turpitudes de la famille royale britannique, malgré le faste 5 jours avant du couronnement du roi Charles III et de son épouse Camilla au cours d’une cérémonie grandiose en présence de plus de 2000 invités.

Olivier Py, orfèvre metteur en scène quand il s’agit de faire revivre les grandes époques de l’Histoire, s’attaque à la démesure propre au grand opéra français dans ce drame de l’intime où sont abordés les thèmes du couple, du mariage, du divorce et de la laïcité. Un défi fou mené avec Alain Altinoglu à la direction musicale, qui ressuscite une grande fresque historique dans une partition colossale où l’on voit, entre autres, débarquer sur scène un cheval en chair et en os. L’harmonie recherchée et les effets dramatiques sont atteints. Le premier acte de cet opéra a pour toile de fond la mise à mort d’un opposant nouvellement tombé en disgrâce. Le trio aux amours délétères formé par Catherine, Anne et Henry pourrait être vu comme la version moderne du bourgeois, sa femme et sa maitresse. Une morale bourgeoise qui surgit dans l’acte final. Il faut sauver les apparences !!

Bien des versions de la vie du roi Henry VIII on fait l’objet de pièces de théâtres, de films ou encore d’Opéra. Mais cette version proposée au théâtre de La Monnaie, est l’originale de Saint-Saëns qui n’avait plus été jouée depuis sa création, en 1883, à l’Académie nationale de musique !

C’est de la partie de l’histoire d’Henry VIII et son amour pour Anne Boleyn, opéra en quatre actes et six tableaux, dont Olivier Py s’inspire pour mettre en scène. Entièrement emprunté et fidèle à l’original de Camille Saint-Saëns, compositeur français de génie (douze opéras à son actif, entre autres).

Olivier Py compose avec les costumes d’époque tant de la cour du roi d’Angleterre que celle propre à Saint-Saëns issus du XIX siècle. Autour des ténors, sopranos, barytons et basses, des danseurs contemporains illumineront la scène de leurs mouvements gracieux au fil de la représentation. Les toiles étant « un élément phare du jeu théâtral », Py va se servir de certaines œuvres de Jacobo Robusti Tintoretto (dont « La crucifixion ») pour faire jaillir les danseurs des reproductions géantes de cet artiste incontournable de la Renaissance. Maquillé(e)s, vêtu(e)s et dévêtu(e)s de telles sortent qu’iels hypnotisent un instant le public tant iels semblent faire prendre vie aux personnages du peintre italien. Bluffant !

« (…) Si vous connaissiez notre roi, peut-être auriez-vous trouvé plus d’effroi ? Pour Henry VIII, il n’est chose sacrée : l’amitié, l’amour, les serments, tout est litière à ses emportements. Il n’est pour lui ni loi, ni foi jurée. (…) » (propos de Norfolk adressés à Don Gomez de Féria, Ambassadeur d’Espagne à Londres).

Les cruautés du roi Henry VIII sont légendées et font souffrir bien des âmes révélées dans ce fabuleux spectacle tout en poésie verbale et musicale : « (…) Pour faire une chose inhumaine, le roi ne perd pas un instant (…) » (un Seigneur, en référence à la condamnation -par le roi- de Buckingham).

Scénographie et histoire

Une salle du Palais de Henry VIII à Londres; chez le roi; dans la salle du Parlement (où a lieu le jugement de la reine); chez Anne Boleyn, dans son salon au goût de la Renaissance ou encore dans la retraite de Catherine à Kimbolth, les magnifiques décors se transforment au gré des situations pour un réel plaisir des yeux.

Usant sans vergogne de ses charmes lorsqu’il est amoureux, Henry VIII n’en est pas moins un monstre sanguinaire lorsque la lassitude s’empare de lui. À l’âge de 18 ans il épouse Catherine d’Aragon qui lui donne cinq filles. Elle lui pardonne bien des incartades, jusqu’au jour où après vingt-trois ans de vie commune, il tombe amoureux d’Anne Boleyn, élevée à la cour de François Ier, petite-fille du duc de Norfolk, qu’il présente à Catherine pour la servir en tant que dame de compagnie. Prétextant l’absence d’un héritier, il demande le divorce. La Reine, fervente catholique, s’y oppose avec le soutien du Pape Clément VII qui refuse d’annuler le mariage. Qu’à cela ne tienne, Henry VIII, ne reculant devant rien, provoque un schisme, se proclame « chef suprême de l’Église d’Angleterre » et divorce de Catherine d’Aragon (déchue et enfermée au château de Kimbolton) pour épouser Anne Boleyn. Henry VIII se lassera très vite des caprices et des jalousies de cette dernière, dont il se séparera peu de temps après. Il la fera d’ailleurs décapiter avant de jeter son dévolu sur la prochaine future reine, Jeanne Seymour, également ancienne dame d’honneur de Catherine d’Aragon.

Longues ovations pour ce spectacle. HENRY VIII, magnifique, extraordinaire opéra avec la formidable mise en scène d’Olivier Py et l’inoubliable orchestre symphonique de La Monnaie dirigée par le talentueux Alain Altinoglu. Époustouflante Marie-Adeline Henry dans le rôle de Catherine d’Aragon tout autant que Lionel Lhote dans celui du roi Henry VIII, et tou/te/s les solistes.

Si pour certains le livret peut présenter « quelques faiblesses » il n’en est pas moins que, ce spectacle est sans nul doute un régal pour les yeux et les oreilles, riche en émotions. L’opéra pour toutes et tous ! À découvrir, à voir et à revoir sans tarder, au théâtre de La Monnaie jusqu’au 27 mai 2023 (voir dates exactes ci-dessus).

Dominique Bela et Julia Garlito Y Romo

ATTENTION : Avis aux âmes sensibles, certains personnages apparaissent nu(e)s sur scène.

Direction musicale : Alain Altinoglu ; régie et mise en scène : Olivier Py ; décor et costumes : Pierre-André Weitz ; éclairages : Bertrand Killy ; chorégraphie : Ivo Bauchiero ; Chef des cœurs : Stefano Visconti ; solistes : baryton dans le rôle d’Henry VIII : Lionel Lhote ; ténor dans le rôle de Don Gomez de Féria : Ed Lyon ; basse dans le rôle du Cardinal Campeggio : Vincent Le Texier ; ténor dans le rôle du Comte de Surrey : Enguerrand De Hys ; baryton dans le r^le du Duc de Norfolk : Werner Van Mechelen; basse dans le rôle de Cranmer :Jerôme Varnier ; soprano dans le rôle de Catherine d’Aragon: Marie-Adeline Henry; mezzo-soprano dans le rôle de Anne Boleyn: Nora Gubish ; soprano dans le rôle de Lady Clarence: Claire Antoine; ténor dans le rôle d’un officier: Alexander Marev; basse dans le rôle d’un huissier de la cour: Leander Carlier; sopranos dans le rôle de Dames d’honneur: Alessia Thais Berardi; Annelies Kerstens ; Lieve Jacobs; Manon Poskin ; ténors dans le rôle de Seigneurs: Alain-Pierre Wingelinckx; Luis Aguilar; baryton dans le rôle d’un Seigneur: Byougjin Lee; basse dans le rôle d’un Seigneur: René Laryea. Ainsi que l’orchestre symphonique de La Monnaie.

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