Une heure avant la mort de mon frère – Mise en scène François Ebouele – Texte Daniel Keene • traduction Séverine Magois, avec le soutien de la Maison Antoine Vitez, Lansman Editeur • jeu Olivia Harkay (Sally), Nabil Missoumi (Martin). Au théâtre des Martyrs à Bruxelles jusqu’au 25 février 2023 et au théâtre de Liège du 8 mars au 10 mars 2023.
Il y a dans l’air du temps cette tentation de vouloir relier le travail d’un metteur en scène à ses spécificités culturelles, voire biologiques. Une sorte d’assignation fonctionnelle. Quand on y échappe, on se félicite. On est relié à l’universel, on est connecté. Nos ressemblances sont mises en exergue. On se reconnaît dans l’autre.
Après Sankofa, chef d’œuvre magistral interprété par de jeunes comédiens à l’Espace Magh, qui aborde plus de 1000 ans d’histoire revus pour lutter contre les préjugés et le racisme, François Ebouelle nous revient avec un sujet universel : l’amour ! Ou plutôt, l’amour « ambigüe » entre une même fratrie. Une intéressante mise en scène de l’artiste sur un sujet tabou: « Une heure avant la mort de mon frère ». Rendant la chose plus émouvante encore, un autre sujet s’ajoute à ce spectacle, et non des moindres, celui de la peine de mort. Les textes puissants de Daniel Keen, ont toujours interpellé Ebouelle… comment dès lors ne pas être tenté par ce drame familial? On salue, bien évidemment, ce choix, qui sort le metteur en scène de ses sentiers battus !
Une histoire d’amour impossible, interdite, certes, mais belle et passionnée. Il est question d’un rapport fraternel complexe où se mêlent amour, désir, cruauté, pardon, solitude, culpabilité… Sally rend une ultime visite à son frère condamné à être pendu. Martin (interprété par Nabil Missoumi) et Sally (interprétée par Olivia Harkay) ont une heure devant eux, pas plus! Une heure pour évoquer leurs souvenirs. Bribe par bribe, ils se dévoilent dans une tortueux parcours de sentiments entremêlés, où le public se posera inévitablement la question du vrai et du faux.
Même si on peut parfois attendre plus d’emballement, une poussée d’adrénaline, on n’est pas moins touché par les regards, la corporalité des comédien/ne/s sur scène. La mise en scène sobre et pudique, rehausse la portée des échanges de ce drame familial laissant émerger les souffrances
Le spectacle se déroule dans un parloir. Un huis-clos ouvert sur le monde du passé, le monde des souvenirs de deux êtres torturés dont le temps est compté, désespérément court, au rythme de l’horloge qui tourne et tourne encore…
Le titre sonne comme une fin, puisque la mort est annoncée. Pourtant une course contre la montre s’engage…
Théâtre des Martyrs: « Une heure avant la mort de mon frère », à voir!
Dominique Bela
N.B.: à bon entendeur : Une cigarette est grillée sur le plateau.