« LIGHT: BACH DANCES », DIVINE DANSE BIEN AU-DELA DES MOTS

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« LIGHT : Bach Dances » – Hofesh Shechter – Philharmonie de Paris – du 6 au 8 janvier 2023.

Grand événement de la rentrée : Hofesh Shechter, chorégraphe israélien très en vue en France depuis le film « En-Corps » vient à la Philharmonie de Paris avec sa troupe pour danser sur la musique de Bach, accompagné de musiciens du Concerto Copenhagen et de chanteurs. Le lieu est grandiose, les moyens déployés conséquents. Le talent d’Hofesh s’exprime formidablement sur Bach : les gestes des danseurs épousent harmonieusement les rythmes du compositeur allemand avec une fluidité sidérante tout en gardant leur style reconnaissable entre tous. Un regret: les témoignages anonymes de personnes ayant côtoyé la mort, même touchants, prennent une place trop importante dans un spectacle qui aurait pu être plus dansé.

La scène est coupée en deux : le Concerto Copenhagen côté cour, un groupe de chaises côté jardin. Danseurs et chanteurs s’y installent en habits de tous les jours. La lumière est travaillée au millimètre : elle dessine des traits précis, s’invite dans des néons qui creusent l’obscurité. Les mots enregistrés ouvrent le bal. Ces témoignages en anglais parlent de la mort qui s’est invitée dans leur quotidien, et la manière dont ils essaient d’en apprivoiser l’idée. Les chants de Bach leur répondent. Les danseurs d’Hofesh restent très discrets, quelques gestes, une présence scénique muette. La priorité est donnée aux paroles et à la musique. L’idée se comprend : relier les chants de Bach à notre quotidien, à une mort qui nous côtoie. Le côté explicite des témoignages peut être gênant : trop de mots tue la poésie de la musique, empêche de rêver et de se plonger en soi-même. Et puis, tout ça pour ça : où est la danse ?

Il y aura finalement trois grandes séquences dansées, et l’attente en vaut la peine tant le groupe épouse les notes et les rythmes de Bach avec grâce. Comment est-il possible que cette troupe, qui danse sur les percussions ultra rythmées d’Hofesh, reprenne ces gestes avec une souplesse tout autre, une fluidité telle que son adéquation avec Bach ne fait aucun doute ? Les chorégraphies d’ensemble sont superbes, à couper le souffle. Le groupe vit ensemble. La palme revient bien sûr au final joyeux sur la Sinfonia BWV 1045, splendide aussi bien musicalement que visuellement.

« Light Bach Dances » se veut un voyage spirituel ambitieux. La musique et la danse nous y amènent divinement. Le côté explicite des témoignages en revanche ne contribue pas forcément à la poésie de l’ensemble, et on aurait pu souhaiter plus de séquences dansées.

Emmanuelle Picard

Photo Camilla Winther

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