
« Les Enfants » – mes Eric Vigner – Au théâtre de l’Atelier, Paris, jusqu’au 30 octobre 2022.
Rose arrive une fin d’après-midi dans une maison au bord de mer, qui se trouve à proximité d’une centrale nucléaire qui a subi un tsunami, à l’instar de ce qui s’est passé à Fukushima. Dans la maison, elle retrouve Hazel et Robin, couple à la retraite avec qui elle a travaillé dans la centrale. Elle a une proposition inattendue à leur faire mais comment va t’elle s’y prendre pour présenter son idée ?
« Comment vont les enfants ? »
C’est par cette phrase que démarre la pièce de Lucy Kirkwood, auteure anglaise contemporaine. Son texte est joué en France pour la première fois au théâtre de l’Atelier. Et les enfants seront absents de la scène mais leur présence restera tangible car la proposition de Rose parle de leur avenir. Sous l’apparente légèreté de l’écriture, on perçoit bien le propos engagé de l’auteure qui a reçu le prix de la meilleure Pièce aux Writer’s Guild awards pour cette pièce. Un texte où la nonchalance laisse passer des piques féroces. Oui c’est un brin caustique même si on sent parfois que l’humour anglais n’est pas toujours assez finement retranscrit en français. Ce n’est pas un problème de traduction, c’est souvent le cas avec des textes sarcastiques, le sens est plus percutant en anglais. La pièce peut dérouter le spectateur par son ton grinçant mais la finalité est noble et inédite.
C’est un texte novateur et parfois déconcertant qui est porté par une distribution extraordinaire : Dominique Valadié (Rose), Cécile Brune (Hazel) et Frédéric Pierrot (Robin). Ces trois là forment une sacrée équipe sur scène : Robin est à vif mais cache son désespoir en protégeant Hazel de la vérité, pour qu’elle puisse faire face avec vigueur aux évènements qui leur arrivent, tandis que Rose serait une sorte de version négative d’Hazel mais avec un but à atteindre qu’elle ne lâchera pas. La mise en scène d’Eric Vigner est elle aussi particulière, totalement au service du texte : dans un décor épuré dans la couleur fait penser aux années 70, les déplacements des deux femmes sont très limités, laissant le poids des mots prendre toute la place dans l’espace scénique.
Valérie Leah
Photo P. Gely