Tosca – Giacomo Puccini – livret Giacosa et Illica – mes Pierre Audi – Direction musicale Gustavo Dudamel – Orchestre de l’Opéra de Paris – Choeurs de l’Opéra de Paris – A l’Opéra Bastille, Paris, jusqu’au 26 novembre 2022.
A Rome, en juin 1800, dans l’église Sant’Andrea della Valle, Angelotti, prisonnier politique évadé du chateau st Ange, arrive en hâte, pour prendre une clef déposée à son intention et disparaît dans une chapelle latérale…Il n’est pas seul dans cette église, le hasard fait que son ami le peintre Mario Caravadossi est en train d’y réaliser une fresque. celui ci le découvre et décide de l’aider à se cacher mais c’est sans compter sur la jalousie éruptive de son amante la cantatrice Floria Tosca qui croit percevoir une présence féminine…
Il y a foule pour cette rentrée à l’Opéra Bastille pour voir ou revoir Tosca de Giacomo Puccini sous la direction de Gustavo Dudamel. C’est pourtant une reprise de la mise en scène de Pierre Audi qui date de 2014 mais quelle reprise !
Tosca est le troisième opéra de Puccini avec un livret écrit par Giacosa et Illica. La version finale du livret été remaniée plusieurs fois pour aboutir à une oeuvre plus resserrée et pour accentuer la tension dramatique, qui monte crescendo jusqu’au final. La mise en scène très esthétique de Pierre Audi contribue à la montée de la sensation oppressante notamment avec un élément de décor impressionnant : une croix immense surplombe les superbes appartements de l’infame Sciarpia dans l’acte deux et cette même croix plane au-dessus d’une morne plaine dans l’acte trois. Cette croix, c’est bien sur le poids de l’église et de son omniprésence sur le quotidien de nos protagonistes. Les décors de Christof Hetzer pour les trois actes sont très travaillés : comme ce mur rouge sang incurvé vers le public et dont la porte fermée nous fait sentir le piège dans lequel Tosca se retrouve.
Gustavo Dudamel dirige avec élégance l’Orchestre de l’Opéra de Paris et nous plonge dans l’action dès les premières mesures. Nous sommes séduits par l’ampleur qu’ils donnent à cette oeuvre.
Tosca est incarnée par Saioa Hernandez qui faisait ses débuts à Bastille et quels débuts ! Elle joue à merveille l’amante à la jalousie aveugle tout comme la proie traquée par Scarpia, sans oublier la scène finale où son désespoir est palpable. Hormis lors du premier acte où sa voix couvre celle de son partenaire, elle nous régale d’une voix riche qui propose des graves dramatiques et qui semble pouvoir prendre des nuances cristallines à volonté. Son Mario est le ténor Joseph Calleja dont le placement sur scène peut parfois sembler hasardeux mais dont la voix est un bonheur surtout dans l’acte trois où sa solitude et sa détresse ne nous laissent pas indifférents.
Celui dont la présence nous impressionne tant physiquement que vocalement, c’est Bryn Terfel dans le rôle de Scarpia. Il rafle une très belle ovation du public. De sa première apparition à sa mort, il impose un personnage que l’on adore détester. Ses costumes (Robbie Duiveman) sont particulièrement réussis. Sa puissance vocale doublé d’un jeu très convaincant en fait un redoutable adversaire. Sava Vemic est Cesare Angelotti, convaincant dans son rôle et dont la voix semble porter le côté sombre de son emprisonnement.
Michael Colvin, Christian Rodrigue Moungoungou, Renatto Girolami et Philippe Rouillon complètent cette distribution de façon probante dans les rôles respectifs de Spoletta, un geôlier, un sacristain et Sciarrone.
Mention spéciale pour les Chœurs de l’Opéra de Paris pour son ‘Te deum’ très réussi.
Valérie Leah
Photo Tosca © Svetlana Loboff