Le petit théâtre au bout du monde – Opus II – Mise en scène : Ezequiel Garcia Romeu – du 4 au 6 mai 2022 au Théâtre Nouvelle Génération à Lyon (Vaise) et en tournée.
Premier acte, un terrain vague désertique où de vagues silhouettes sont déplacées à bout de bras et font entendre les bruits sourds de leur pas. En dessous, la terre résonne en creux. Quelques fils entravent le passage de frêles marionnettes plutôt que de faciliter leurs déplacements. Second acte, des robots métalliques viennent remplacer l’humanité déjà branlante, une mariée sans corps n’a besoin que d’un vêtement pour exister, la terre s’ouvre, liquide noir, cauchemar assourdissant, des enfants violés par le pétrole, un homme sorti d’un trou alourdi par des pierres. Troisième acte, des cortèges de pions sans âme, un homme fasciné par un mégaphone, une douche qui ressemble à une punition, le silence remplacé par la propagande, la militarisation du travail s’opère jusque dans les entrailles d’un couple d’ouvriers juché sur un tandem. Quatrième acte, le même que le précédent, des obus en guise d’enfants-rois. Cinquième acte, je ne sais plus.
Difficile de résumer ce spectacle atypique qui accumule les visions dystopiques sans prendre le temps d’en dégager la cohérence. La perforation du monde est révélée par le prisme de minuscules figures, comme si on ne pouvait percevoir l’absurdité du réel qu’en se penchant sur ses mécanismes les plus discrets, au risque de se casser le dos puisqu’il faut déambuler au gré des actes autour du plateau. Mais de ces tableaux métamorphosés et figures fantomatiques on trouve une part d’arbitraire non négligeable qui dessert l’ensemble. Au final, je crois que c’est un peu trop léger et détaché du monde pour un spectacle qui prétend en dénoncer les travers.
Célia Jaillet
LE BRUITDUOFF TRIBUNE 