« PENTHESILE.E.S », FEMME(S) PUISSANTE(S)

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«Penthésilé.e.s amazonomachie» de Marie Dilasser – mise en scène : – Laëtitia Guédonau – Théâtre de la Tempête, Paris – du 6 mai au 22 mai 2022.

Spectacle « indiscipline » mis en scène par Laëtitia Guédonau, «Penthésilé.e.s amazonomachie», tente une approche de la relation entre le pouvoir et les femmes au fil des siècles et des changements évidents que nous sommes en train de vivre. Penthésilée est cette héroïne de la guerre de Troie mais c’est avant tout, ici, cette reine amazone à l’immense pouvoir et aux décisions tranchées. Sous la forme d’un opéra, la pièce se livre en deux parties .

Trois comédiennes endossent le rôle d’une Penthésilée, symbole de la puissance féminine évoluant au fil des âges. Une première, ancrée à la terre, quasi viscérale, incarne une reine en transe sous les traits de Marie-Pascale Dubé, porte-parole des dieux, au travers de chants de gorge inspirés par le katajjaq, puis une reine à la fois monstrueuse et humaine en transhumance entre deux royaumes, celui des vivants et celui des morts. Penthésilée (parfaite Lorry Hardel) offre alors du plus profond de ses entrailles une vision du pouvoir et des femmes, de la façon la plus intime, entourée d’un épais brouillard tantôt champ de bataille dans lequel on peut sentir des odeurs de sang, tantôt hammam, lieu féminin où tout peut se dire dans une moite chaleur. Tout est là dans la démesure !

La deuxième partie, par rupture, montre une femme de pouvoir tout en lumière et outrance dans un lien plus contemporain et plus lisible, même si l’incarnation par un comédien de la constante et encore « nécessaire » masculinisation des femmes de pouvoir ne paraît pas d’emblée évidente. Le comédien Seydou Boro offre alors un travail fin et magnifique sur la masculinisation des femmes de pouvoir au travers de la recherche de sa propre féminité lors d’une danse équestre ancrée à la fois dans l’antiquité et tout à la fois très contemporaine.

Les quatre chanteurs-comédiens intégrés au spectacle forment le chœur parfait qui, sous forme de chants de deuil à consonance tantôt baroque tantôt plus contemporaine, crée un lien intemporel entre les différents tableaux. Eu égard au lieu de représentation, difficile d’imaginer la même excellence dans un lieu moins propice à ce type de chant.

Un spectacle polymorphe et « indiscipline » qui, en omettant certaines longueurs de la première partie, interroge sur la place des femmes et le lien qu’elles ont encore avec le pouvoir. Un moment parfois obscur mais qui ne laisse personne indifférent pour peu que l’on sache lâcher prise pour se laisser emporter par la metteuse en scène. Une oeuvre
exigeante.

Pierre Salles

Penthésilé.e.s amazonomachie1
Photos C. Raynaud de Lage / Festival d’Avignon
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