La réponse des hommes, ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts – Tiphaine Raffier – au TNP, Villeurbanne, en février 2022 et en tournée.
Autour des 7 jolis aphorismes moraux que sont les 7 œuvres de miséricorde, le spectacle de Tiphaine Raffier (« La Réponse des hommes ») construit de petites scènes de théâtre qui permettront au public de saisir toute la complexité de ce thème, de cette passion : la morale.
Mais les tableaux s’enchaînent et manquent souvent de subtilité : donner à boire aux assoifé-es oui d’accord mais comment on fait si la dame est alcoolique ? Et faut-il réellement assister les malades s’ils sont pédophiles ? Quelques réflexions pertinentes sont cependant disséminées ça et là (les pédophiles sont-ils des enfants ? Est-ce immoral de regarder une vidéo de pedopornographie si elle empêche le passage à l’acte ?) mais dans l’ensemble c’est un Sade pastiché qu’on retrouve sur le plateau, à grands sabots de Justine pas si vertueuse que ça tirer de l’orgueil de ses œuvres, à se racheter en contemplant les fautes des autres.
Outre ces dilemmes et cas de conscience redondants qui ne donneront pas le torticolis à l’âne de buridan, le jeu des comédien-nes est parfois franchement téléphoné et la caméra n’apporte pas grand chose de plus à leurs postures que d’en exacerber la fausseté. La scénographie est élégamment colorée, tantôt sobrement judiciaire, tantôt fleurie style Midsommar, de façon à ce qu’on ne puisse pas s’ennuyer, et au fond du rouleau c’est vrai qu’on ne s’ennuie pas, enfin moi même si je n’ai pas aimé je ne me suis pas ennuyée car il y a partout ces clins d’oeil, ces silences, ces fulgurances et puis la sonate angoissante d’une alarme incendie, des portes trop hautes, des tombes à peine creusées et des écrits inachevés qui nous rappellent que “sauvegarder la création” n’implique pas de “laisser l’espace dans l’état où nous l’avons trouvé” mais surtout, s’il vous plaît, “dans un meilleur état” : alors ce que je retiens de « la Réponse des Hommes », c’est ma réponse à moi, pas celle-là mais une autre parmi les vôtres.
Célia Jaillet
Photo Simon Gosselin