AVIGNON 2021 : LE OFF, ENTRE HYPOTHESES ET SCENARI

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AVIGNON OFF 2021 : une édition sous le signe de l’inquiétude

Le Festival IN 2021 se tiendra bien, comme annoncé par Olivier Py le 24 mars dernier, « raisonnablement optimiste »… Avec ses 170 000 spectateurs attendus (20 000 billets de plus mis en vente par rapport à 2019), et même en jauge réduite, le IN a de bonnes raisons en effet de pouvoir ouvrir dans de bonnes conditions : pluralité de lieux de plein air, comme la Cour d’honneur et ses 1950 fauteuils, mais aussi les cloîtres des Carmes ou des Célestins, les cours du Lycée saint Joseph, de l’itinérance… Et beaucoup de grandes salles comme La FabricA ou des gymnases de lycées parfaitement aérés. Mais quid du OFF ? Entre inquiétudes, désarroi, incertitude, le OFF cherche à exister malgré tout pour son édition 2021. Oui, mais comment ?

La Pandémie fragilisant l’idée même de la tenue d’un OFF tout à fait « normal », chacun y va donc de ses hypothèses et de ses scénari à l’épreuve d’une inquiétude croissante, en ce début de printemps.

Car l’agenda est impitoyable : nous sommes à trois mois de l’ouverture du Festival, et il est grand temps pour les salles comme pour les compagnies de planifier correctement leur participation. Disons qu’après le 15 avril prochain, sans perspectives claires de la part de nos gouvernants -très frileux sur le sujet- cela risque de s’avérer vraiment compromis, pour ne pas dire mission impossible, compte-tenu de toute l’organisation à mettre sur pied : confirmation d’achat des « créneaux », impression des programmes et de la communication, location des hébergements, recrutement des techniciens et autres intermittents etc. Et surtout le fameux « programme » du OFF, la « Bible » volumineuse (et indigeste, soit dit en passant) éditée par AF&C qui aurait du mal à pouvoir concrétiser…

D’autant que tous les directeurs de salles s’accordent à penser que de toutes manières, les conditions sanitaires ne peuvent qu’influer sur le bon déroulement du OFF. Certains envisagent un OFF à taille réduite, avec jauge amputée à 50 %, conditions drastiques de sécurisation sanitaire des salles. Rappelons toutefois que l’immense majorité des salles sont de petites voire minuscules jauges, souvent à 49 places… Et qu’à l’exception de certains « privilégiés » dont les spectacles se donnent en plein air (comme Villeneuve en Scènes ou le Théâtre des Halles, par exemple qui dispose d’un chapiteau pouvant parfaitement être aéré), la majorité de ces salles sont fermées, et pas ou mal ventilées naturellement. Ce qui complique forcément l’ajustement à des règles « dures » en matière sanitaire.

Il reste les grandes salles, à plus de 150 fauteuils, dont la réduction de moitié de la jauge est une possibilité envisageable, même si lourde de conséquences pour les compagnies, qu’elle soient en location ou en co-réalisation, et pour lesquelles la billetterie est une recette amortissant les coûts importants de participation à Avignon.

Ces « grandes » salles ont l’avantage de pouvoir réellement mettre en place des dispositifs satisfaisants de protection du public. Même si certains comme Sébastien Benedetto tablent sur une réduction du nombre de spectacles pour arriver à ventiler et désinfecter entre chaque spectacle. Pour le théâtre des Carmes, cela serait donc 4 spectacles plutôt que les 7 programmés habituellement…

Autre scénario envisagé -mais redouté- par certains, comme Pascal Keiser de La Manufacture par exemple : un OFF ouvert uniquement à un public de professionnels, programmateurs et médias. Cet entre-soi ne réjouit personne, et surtout ne ferait pas l’affaire des compagnies. Et puis, il n’est pas écrit que les 2000 programmateurs et autres professionnels fassent le voyage à Avignon… Certes, le IN reçoit plus de 1000 journalistes, mais on sait que ceux-là sont ici sur place pour le Festival d’Avignon, le « vrai », et rarement pour son OFF. Quant aux compagnies, la perspective de jouer devant une poignée éparse de pros n’est guère réjouissante non plus.

Qui plus est, ce dispositif obèrerait sérieusement toute idée de fête et de convivialité inhérente au festival. Ce qui de surcroit n’arrangerait pas non plus les restaurateurs et autres commerçants qui tablent sur le festival pour se refaire une santé financière…

Autre piste, globale cette fois : la direction d’AF&C elle-même et la ville d’Avignon plancheraient sur une hypothèse -à notre avis totalement farfelue- de « sécurisation » du public. Au menu, rues à circulation piétonne à sens unique (!), pas d’affichage ni tractage, pas de parades non plus… Et quid des queues interminables devant les théâtres si l’on devait respecter la distanciation, à 1 ou 2 mètres entre chaque spectateur ? Tout cela est totalement infaisable et irréaliste. A moins de mettre un flic tous les 10 mètres pour faire respecter les règles… Bonjour l’ambiance ! Et bonjour la convivialité !

Reste le (très) mince espoir que tout retourne à la normale d’ici mai et que la situation sanitaire en voie de stabilisation, le festival puisse se tenir à peu près normalement. Mais dans quelle ambiance ? Impactés sévèrement par la déprime et la trouille, les spectateurs, même masqués, sont-ils prêts à se jeter corps et souffles mêlés dans les salles du OFF, en plein juillet avignonnais grouillant de monde et étouffant ? Rien n’est moins sûr…

Faustine Saint Pierre

Photo Claire Denieul

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