DANSE : « MANIA » ET « THE TASK », DEUX PIECES ENERGIQUES D’AXEL LOUBETTE

CRITIQUE. « Mania » et « The Task » – compagnie Ellipse – chorégraphie Axel Loubette – à la Factory, Avignon, à l’occasion de « La Semaine d’art » les 23 et 24 octobre 2020.

A l’occasion de la semaine d’Art du Festival d’Avignon, Axel Loubette danseur et chorégraphe de la compagnie Ellipse depuis 2013 présente à La Factory (Théâtre de L’Oulle) ses dernières créations « Mania » et « The Task ».

Danseur engagé à dénoncer une réalité toujours plus proche du monde de plus en plus Beckettien, ses chorégraphies se distinguent par les mouvements de puissance des corps, d’une vivacité envoûtante sachant préserver la réalité présente.

En première partie, « Mania », où deux mondes se jouxtent sur scène. D’une part, une jeune femme regarde la télévision diffusant, non sans hasard , des extraits de l’actualité politique française, les manifestations et revendications des «gilets jaunes». S’en suit alors un focus sur les propos des politiciens rendus assez audible pour détourner judicieusement notre attention, car d’autre part une jeune femme emprisonnée par une camisole accepte sa condition en mangeant tranquillement puis s’essaye à briser ses liens. Un autre personnage, Axel Loubette, lui vient en aide pour la libérer. Ensemble, ce couple va exprimer la folie par la danse, un désordre va naître, une sorte de tornade qui reflète la réalité parfois épuisante de notre société.

Ces deux danseurs toujours à l’unisson accentue la force, l’absurdité, le chaos, le bouleversement d’une sûre et absurde réalité. Certains moments d’apaisement interviennent par un lâché sur le monde réel mais aussitôt rattrapé par le monde abstrait, moments poétiques et touchants, une apocalypse rythmée par un fond sonore contrasté, passant de la musique classique du quatuor à cordes de Chostakovitch, au rock déjanté, dans une atmosphère contradictoire qui oppose ces deux mondes tristes et émouvants à la fois.

La transition entre les deux pièces est construite de manière absurde et amusante, toujours dans la continuité du monde de Beckett.

« The Task », moins oppressif que la première partie, est une danse de l’échec, « mettre les corps en situation d’échec sans pour autant tomber dans l’échec », le visuel est sans nul doute plus représentatif que le concept. Ce qui donne quatre danseurs qui se cherchent puis forment un groupe qui s’essaye à plusieurs reprises en leitmotiv à réussir une performance sans y parvenir, pour finir avec une danse en cascade. Sur cette seconde pièce c’est la vivacité et l’énergie des corps qui priment, le crescendo-decrescendo apporte un suspense, comme une course contre la montre, un manque de temps, où les danseurs courent et se rattrapent pour reformer un groupe, une union.

Les deux pièces présentées par le collectif Ellipse sont le reflet d’un monde chaotique ou la recherche impossible de la perfection. Axel Loubette réussit là à coup sûr à emmener les spectateurs dans son
«monde».

Béatrice Stopin

*Axel Loubette fut également assistant chorégraphe aux côtés de Josette Baïz pour la création de « La Finale » présentée au festival Suresnes Cités Danse en 2019.

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