TRIBUNE. L’ETE DES FESTIVALS, CHRONIQUE D’UNE MORT ANNONCEE : MACRON EST-IL A LA HAUTEUR ?
Non, bien sûr que non. Pas plus qu’il ne l’est s’agissant de l’écoute d’une société tout entière confinée, au bord de la dépression. Une société hautement inégalitaire qui se révèle aux yeux de tous : d’un côté, ses quelques privilégiés, dont le Président, ses ministres et ses « experts », et sur la rive opposée, tous les autres : les exclus, les lâchés de la bienveillance étatique, les reclus des banlieues surpeuplées, à 6 dans 50 m2, les vieux des maisons de « retraite », les mères célibataires, les Roms, les femmes victimes de maltraitance aggravée voire de féminicides, les enfants, déjà déscolarisés mais pour cetrains (déjà beaucoup trop) victimes également de maltraitances diverses… On en passe. En un mot, les parias en général d’une société déjà lourdement impactée par un fonctionnement à deux vitesses.
A preuve, ces 11% des Parisiens, cadres CSP++, nantis de la République qui ont, dès le vendredi 13 mars, pris leurs quartiers d’été dans leurs résidences secondaires luxueuses de Ré, d’Oléron ou autres destinations de rêve, avant même que le gouvernement ait évoqué un confinement « dur »…(D’ailleurs, on pourrait qualifier cela de délit d’initiés, les intéressés de par leurs fonctions effectives, leur position ou leur carnet d’adresses étant forcément au courant de la suite) : Leur confinement, avec piscine, accès à la mer et autres commodités, s’apparente plutôt à des vacances, certes un peu forcées plutôt qu’à une contrainte sévère…. Ces « confinés de luxe », au grand dam des « locaux » peu désireux de subir ces « migrants » d’un type spécial, ont envahi nos littoraux sans vergogne, leur pouvoir d’achat surdimensioné et leur arrogance de classe leur permettant, croient-ils, toutes les dérogations aux contraintes imposées à tous…
Pour ces gens-là, les mesures gouvernementales sont un miel bienvenu. Notons que parmi tous ces « confinés » de luxe, les fameux « experts » de Macron comme ses « conseillers » du soir, sont les premiers à s’être réfugiés dans les « provinces », comme ils aiment à nommer depuis Paris, les territoires de la République…
Macron écoute ses conseillers et experts. On en est ravis. Et devrait annoncer, ce soir 13 avril à 20h02, lundi de la « résurrection » selon la foi chrétienne, prises selon la confiance qu’il daigne accorder du haut de son altitude aux allégations de ces fameux experts « confinés » au bord de mer ou dans les montagnes alpestres, de lourdes décisions quant à l’avenir du Pays, de l’économie en général et de la Culture en particulier, fer de lance des régions du Sud juste après la capitale, des mesures définitivement irresponsables qui vont plomber l’été festivaler et le tourisme tout entier, seconde économie du Pays.
Notre général bonapartiste (auquel il ressemble de plus en plus), confit de sa surpuissance toute gaullienne, va donc ce soir du 13 avril -n’en doutons pas- égrainer une série de mesures prolongeant cet enfermement surréaliste et contreproductif, en un mot absurde et surtout inefficace selon l’OMS et qui par collatéralité, constitue un déni démocratique absolu à l’égard de nos libertés pourtant inscrites dans la Constitution. Un truc redoutable qui va nous mettre à plat tous, psychologiquement, financièrement, sociétalement, et va lourdement gréver notre avenir.
Par couardise, incompétence, orgueil ou simplement par calcul politique ? Toujours est-il que les faits sont irrévocables : notre Président omnipotent qui décide de tout et de rien, sur des conseils « d’experts » médicaux -dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne font guère preuve de solidarité entre eux, et dont les intérêts dans les industries pharmaceutiques sont pour le moins peu « déontologiques »- et autres « specialistes » tout aussi « experts » dans la parole économique ou sociétale, tous abreuvant le Président de signaux forts mais contradictoires qui confortent la propension Churchillienne ou Gaulienne de celui-ci à se prendre pour le sauveur de la France, et pourquoi pas de l’Europe, notre Président médiatique s’apprête donc à nous présenter ce soir son « plan » calamiteux de prolongement de ce confinement paranoïaque et surtout inappropprié, qui va mettre à plat l’économie tout entière et la Culture en particulier. Epiphénomène dont il se contrefiche certes, on a en a bien conscience.
Quant à son Ministre délégué à ce secteur clé, il est aux abonnés absents depuis trois semaines. M. Riester ne semble guère concerné par la débâcle qui s’annonce. Quid des festivals et de leurs annulations ou reports ? M. le Ministre ne répond pas. Certes, il est lui-même victime du Corona et confiné comme il se doit. Mais bon, tout le grand monde de la Culture – 1 million de personnes, tout de même- attend son signal : jouer ou ne pas jouer ? Aucune réponse, zéro geste, pas un mot. M. Riester se préoccupe de sa santé et de celle ses amis, le reste ne l’intéresse pas. Preuve qu’il fallait vraiment quelqu’un d’autre à ce poste, de la trempe d’un Jack Lang ou même d’un Frédéric Mitterrand, plutôt que ce fantôche de ministre incapable de prendre la moindre décision.
Pour faire court, et en attendant ce soir du 13 avril le « verdict » macronnien, pris en toute faillite démocratique par un seul, tout-puissant, conseillé par des experts auto-proclamés, bien loin d’une gouvernance citoyenne respectueuse des libertés publiques et surtout très éloigné de la bienveillance à l’égard de tous et particulièrement de ceux qui souffrent déjà et vont encore plus être amenés à le faire, Emmanuel Macron va nous annoncer le pire des scenarri envisagés : le blocage total de l’été, Culture et festivals arrêtés, tourisme suspendu, fermeture des frontières, scolarités reportées etc. Un cataclysme programmé. Dont il sera le seul redevable. Et dont il devra répondre devant le peuple, une fois terminé cet emballement délirant de la planète, absolument hystérique, duquel Macron n’ose se démarquer.
Martin Zell