74e FESTIVAL D’AVIGNON : Une programmation de rêve ? Présentation vidéo par Olivier Py de la 74e édition du Festival (3 juillet – 23 juillet 2020).
» Le Théâtre ne s’arrêtera pas « , dixit Olivier Py en conclusion de cet entretien filmé en guise de présentation… Jamais même, serions-nous tentés de dire, en temps « normal » bien sûr. Prédiction ou incantation ? Olivier Py a donné sa première conférence hors-sol du Festival ce 8 avril, une conférence préenregistrée, un peu plate, sans aspérités, servie par deux journalistes plutôt au fait. Bon. Et après ?
On ne sait toujours rien de ce qu’il adviendra de cette 74e édition. Beaucoup de non-dits, d’approximations, voire d’hypocrisie dans ce discours un tantinet convenu, même si Olivier Py sait dire des choses intéressantes et manie toujours aussi bien la langue de Molière. Mais peu de faits dans ce joli entretien plutôt bien préparé. Très peu de faits, en fait : concrets, palpables, « pesables » à l’aune de cette crise surréaliste qui impacte le monde.
Nous sont fournis les éléments de ce que devait être la programmation initiale de ce 74e Festival. Bien. Et après ? En réalité, « Eros et Thanatos » comme fil rouge tombait plutôt bien, c’est le moins qu’on puisse dire… Pour le reste, à l’exception de la présence programmée d’Angélica Liddell, de celle d’Israel Galvan avec le merveilleux Nino de Elche, de peut-être Ivo Van Hove (quoique…), d’encore peut-être également Jan Martens, Emma Dante ou Dimitris Papaioannou, rien de bien vibrionnant dans cette 74e édition post-coronavirus ((on l’espère), bien dans la ligne du Festival tel que se l’imagine Olivier Py depuis sa première prise de fonction.
Nous y reviendrons, mais ce programme sent un peu le surfait, le fourre-tout, pour ne pas dire le rance et « le boncoin », on y trouve tout et son contraire, tout et n’importe quoi, pourvu que cela s’imbrique dans le fameux « thème » imposé. A l’image de ce qu’il fut l’an passé : en premier lieu ces proches de l’esthétique que Py promeut depuis des lustres (la sienne en fait), comme ce Jean Bellorini qui s’il vous plaît aura les honneurs de la Cour (!). « Sic ! », comme on dit dans les BD… Suivent Gwenaël Morin,(avec un Racine, re « Sic ! »), Oskaras Korsunovas (re-re « Sic ! »), l’insatisfaisant Ali Chahrour et autres très dispensables du spectacle français, européen et d’au-delà (sans jeu de mots).
Certes, il y aura -ou devrait y avoir- Kaori Ito, Lisbeth Gruwez, pour la Danse, Raoul Collectif pour le Théâtre… et bien sûr les Liddell, Martens, Dante et Galvan précédemment cités. C’est bien, mais est-ce suffisant pour colorer ce festival de ce petit atour de contemporanéité dont Olivier Py aimerait bien se parer ? A notre avis, non, on en est bien loin. Trop loin.
Qu’en sera t-il vraiment ? On reviendra sur cette programmation bancale, lorsque nous saurons déjà si le Festival se tiendra ou pas, et si oui, à quelles dates et comment : avec uniquement des spectacles en plein air ? en différé en août ? Autant d’interrogations auxquelles il faudra bien répondre avant le 5 mai maxi. Après, ce sera trop tard.
D’ici là, bien sûr, le théâtre est éternel.
Marc Roudier
Image : Emma Dante, « Bestie di scena »