CRITIQUE. » Rien n’arrive et ça arrive souvent ! » – Cie l’Art de Vivre – MES Yves Fravega – Théâtre de la Joliette – Jeudi 5 mars 2020.
Basée sur les fables et contes du recueil » Peine Perdue » de Jean Paul Curnier, cette création met en scène 5 personnages fantasques qui vont donner vie aux textes du penseur arlésien, décédé récemment.
La pièce, qui se présente sous formes de tableaux successifs, est définie comme un laboratoire d’imbécilité heureuse. L’aspect laboratoire peut s’identifier clairement grâce à la recherche musicale menée par Pascal Gobin, accompagné d’une impressionnante machine à musique bricolée avec des manches de tireuse à bière et qui lâche des sons distordus, ainsi que des bribes de textes préenregistrés.
Quant à l’imbécilité heureuse elle est évoquée par les textes de Curnier (« Tout le monde fait l’éloge du bonheur. Mais le bonheur n’est qu’un effet ; sa véritable condition c’est l’imbécillité »), et souvent incarnée par les acteurs. Ces derniers font preuve d’une belle énergie et de fantaisie sur cette heure et demie de représentation, durant laquelle on ne peut s’ennuyer tellement tout bouillonne sur scène.
Sans compter que la pensée de Curnier reste abstraite et alambiquée, qu’elle demande un temps de réflexion que le rythme de la pièce ne nous laisse pas forcément ; mais qu’importe, car l’équipe de la Cie l’Art de Vivre s’adonne plutôt à un exercice de style visant à jouer avec la pensée du poète/philosophe/éditeur.
Le recueil ici adapté aborde des thèmes classiques comme la solitude, l’amour, Dieu… entrecoupés de petits mots d’esprit sur le faux départ, la possibilité de n’être rien, les petites choses du quotidien… et qui se termine sur un concert de pipeau : preuve s’il en est qu’ils savent garder un esprit taquin en toutes circonstances, même quand il s’agit de leur propre création ?
Un hommage en tous cas joyeux, à la fois kitsch et actuel dans sa mise en scène, qui devrait donner envie à ceux qui ne connaissent pas Curnier de découvrir ses écrits.
Claire Burguière