CRITIQUE. «Salon International de la mise en scène» Curateurs : Stéphane Bouquet, Robert Cantarella, Philippe Gladieux (FR) – A L’Arsenic-Centre d’art scénique contemporain-Lausanne, le dimanche 15 décembre 2019.
Exposant·e·s: Lionel Baier, Coline Bardin et Davide Brancato, Yan Duyvendak, Cie HAJDUK (Maxime Gorbatchevsky , Leon David Salazar ,Hugo Tessonnieres, Margot Van Hove), Christophe Jaquet, Pierre Lepori, Audrey Liebot, Nina Negri, Jean-Daniel Piguet, Noëlle Renaude, Francois-Xavier Rouyer, Adina Secretan, Clément Schneider, Christian Geoffroy Schlittler, Loïc Touzé, Nicolas Zlatoff.
Variante de toutes les foires mercantiles, ce salon propose d’exposer les projets inavoués, non-réalisés, en attente, imaginaires et fantasmés, qui peuvent ainsi avoir lieu et place.
Des bandes de scotch divisent la salle en plusieurs emplacements investis diversement par les artistes dont le nom est affiché au sol. Vous choisissez et vous vous installez.
L’intérêt de cette production est de déployer l’exercice de la création, sa mise en oeuvre, son préalable. Rencontrer les artistes et leur questionnement, quelquefois peut-être contribuer un tant soit peu à la réalisation du canevas de leur idée, permet au public ou au professionnel.le de théâtre de mettre le bout de l’orteil dans le monde secret et intime de l’élaboration d’une oeuvre.
Donc quinze artistes proposent, dans la salle reconvertie en marché d’échanges sociaux , des stands hétéroclites où il vous sera demandé, c’est selon, d’écouter l’artiste, de participer à une petite performance, de répondre à un questionnaire, de livrer un tant soit peu de vous-même dans le but d’affiner une recherche artistique. Passionnant!
Je regrette de n’avoir pu passer dans tous les rayons de ce comptoir enthousiasmant: six ateliers pour me mettre en appétit.
Je m’en voudrais, et d’autres avec moi, de dévoiler ici des projets en cours. Mais sachez que durant ces deux heures une chanson m’a été dédiée, les Shadoks m’ont révélé le sombre lien des humains avec les Gibis, une chaise mi-Tati, mi-Keaton m’a tenue en respect, le labyrinthique monde bancaire suisse m’a nargué via le journal «The Guardian», j’ai entendu un directeur de salle répéter mot pour mot l’interview d’Adèle Haenel à Mediapart et j’ai participé à un speed-dating anonyme avec un très jeune et sympathique metteur en scène!
Conduite par Robert Cantarella et ses deux curateurs, voilà pour moi une initiative intelligente et ludique permettant une approche facilitée aux créations théâtrales ou chorégraphiques des artistes. Statuts précarisés, financement participatif, mécénat, coproductions, aumône et bénévolat, n’est-ce pas là leur pain quotidien?
Culturieuse,
à Lausanne