CRITIQUE. « L’amour vainqueur » – Texte, mise en scène et musique : Olivier Py – du 3 au 8 mars 2020 – Théâtre de la Ville, Paris – puis en tournée. Théâtre jeune public à partir de 9 ans.
C’est la quatrième fois qu’Olivier Py flirte avec les contes des frères Grimm et c’est à l’aide d’une revisite complète de « Demoiselle Maleen » qu’il renoue avec le spectacle jeune public. Aux commandes de la mise en scène et du texte, Olivier Py signe aussi la musique arrangée par Antoni Sykopoulos, lui-même sur scène dans le rôle du général et du roi.
Le metteur en scène allège pour le coup le propos du conte originel des frères Grimm. Exit la noirceur souvent présente dans ces contes, le public se retrouve plongé dans une ambiance mi- théâtre de tréteaux mi- cabaret aux couleurs chatoyantes et criardes.
Pour des raisons politiques et d’alliance, le roi exige de sa fille qu’elle épouse le fils du roi d’Angleterre mais celle-ci refuse car son cœur est déjà pris, aimant en secret un jeune prince. Son père décide donc de l’enfermer dans la tour pour 7 ans. Le pays part en guerre avec à sa tête un général profitant du désordre pour tuer le roi et manipuler le jeune prince. Au milieu de ce chaos, un jeune jardinier épris de la beauté de la nature et une jeune servante, rêvant de bateaux de corsaires et d’aventures aideront les jeunes amoureux à retrouver le bonheur et à sauver le pays en ruine.
Une fois encore, Olivier Py se joue des genres, ici le jardinier préfère cultiver son jardin plutôt que partir à la guerre et aime bien embrasser « quand ça pique », tandis que son amour, la servante laideron, ne rêve que de batailles et de mer. S’autorisant toutes les folies, Olivier Py brouille les cartes d’un spectacle pour enfants en voguant vers un genre tout public. En ôtant toute la noirceur initiale des frères Grimm il réactualise et allège le propos en lui donnant une teinte plus poétique mais non dénuée de fond. On retrouvera évidemment tout l’amour du music-hall et des paillettes du metteur en scène mais, si cela peut parfois sembler superflu dans certain de ces spectacles, le procédé apporte ici une indéniable touche légère et onctueuse avec, en cerise sur le gâteau, une scénographie particulièrement fluide, sans aucun temps mort, et rythmée brillamment par une musique interprétée en direct par les comédiens. Travail remarquable tant les changements de rôles et de costumes sont rapides.
Un spectacle pour jeune public de très bonne facture et porté par une équipe de comédiens (Pierre Lebon, Clémentine Bourgoin, Antoni Sykopoulos, Flannan Obé) dans une cohérence parfaite.
Pierre Salles
En tournée :
Nice – Théâtre National – Du jeu. 19/03/20 au ven. 20/03/20
Angoulême – Scène nationale – Du mer. 01/04/20 au ven. 03/04/20
Photo © Christophe Raynaud de Lage