CRITIQUE. « George SAND Aurore DUPIN : Fragments d’intimité » – Mise en scène et interprétation : Isabelle KRAUSS – Pianiste : Francis SQUIRE – Théâtre des 3 Raisins, Avignon – Du 25 au 27 Octobre 2019.
Isabelle Krauss, accompagnée au piano par Francis Squire, nous proposent de partager l’univers réécrit de George Sand, en mêlant ces fragments d’intimité à l’accompagnement musical, recréant, à minima, ce que pouvait être l’ambiance romantique dans les salons de Nohant.
Un piano, un bas-flanc pour tout décor. Sobre.
George Sand raconte les moments de son enfance qui l’ont façonnée. A l’âge de 14 ans elle entre au couvent des Augustines Anglaises. Le manque d’amour la marque profondément même si dit-elle « La vie en commun est l’idéal du bonheur entre gens qui s’aiment. Je l’ai senti au couvent, je ne l’ai jamais oublié ». Ainsi que la souffrance ressentie d’avoir si peu connu son père et du manque d’amour de Sophie, sa mère, de l’amour qu’elle porte à son fils Maurice et du peu de chaleur pour sa fille Solange.
De la brutalité de son mari, le soir de ses noces et les recommandations qu’elle fera sur l’éducation qu’il manque aux hommes dans leur rapport avec les femmes.
Quelques notes jouées au piano , installent un instant de rêveries salvatrices.
Isabelle Krauss retrace, en partie, le vécu d’une personne d’une grande intériorité et d’une philosophie inconnue de cette génération de fin de siècle.
Isabelle Krauss, tout en sensibilité retenue, peint Sand en quelques portraits, que l’on devine être parmi ceux qui l’ont séduit/inspiré/aimé : maternelle avec Frédéric Chopin, admirative de Franz Liszt, généreuse avec son fils Maurice…et quelques états d’âme qu’elle coucha sur d’innombrables cahiers et correspondances.
Le hasard n’a pas sa place dans la vie de George Sand. C’est elle qui décide. La plénitude laisse toujours de la place à autre chose; le vide, jamais, pour cette femme forte sous une apparence fragile, qui s’identifiait à la fois à son père et à la fois à sa mère ; rivale de sa mère, surtout.
Faisant le tri parmi la correspondance de George Sand -celle qui est accessible, celle qui la dépeint comme une personne simple, naturelle, Isabelle Krauss arrive à nous détourner du personnage sulfureux que fut celui de Sand tout au long de son existence : « Elle voulait bien qu’on l’aime, mais pas qu’on l’adore ».
Certains pensent l’art comme une imitation. George Sand en fit une création puisqu’elle pensa sa vie comme une œuvre d’art: « Enthousiaste du beau, affamée du vide, très sensible du cœur, très faible de jugement, souvent absurde, toujours de bonne foi, voilà ce que je suis en effet ».
Pour notre part, 1 heure de spectacle pour une personnalité aux multiples facettes nous a laissé sur notre faim. Ces fragments d’intimité, effacent les aspérités les plus saillantes : la vie riche de rencontres, d’amour fusionnel, d’autres vies de George Sand. Georges Sand avait un très grand besoin d’amour avec les hommes, avec la littérature, avec les politiques, avec la campagne et justement avec sa vie.
André Michel Pouly
Isabelle Krauss dirige ce nouvel espace qu’est le théâtre des 3 Raisins, qui a pour ambition de produire et de diffuser des œuvres « où l’engagement de l’artiste est total ».
Programmation :
22/23/24 Novembre: j’attends de tes nouvelles
20/21/22 Décembre : concert de Flamenco.
14/15/16/ Février 2020: musique baroque.Mozart, Dvorak…
20/21/22 Mars: Phédre, les soliloques
17/18/19 Avril : l’épopée du Cheik Bedreddin.