MAGAZINE : THE BARNES FOUNDATION, OU LA FELICITE EXTATIQUE

 

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MAGAZINE. THE BARNES FOUNDATION – 2025 Benjamin Franklin Parkway Philadelphia. PA 19130 – Ouvert tous les jours, sauf mardi, de 11h à 17h.

Le musée, flambant neuf, est une construction récente, moderne. A peine entré dans l’une des grandes salles d’expositions permanentes du musée, impatient de découvrir ses trésors, soit une multitude de peintres parmi les plus célèbres, certains tableaux des chefs-d’œuvre, d’autres inconnus et à découvrir, une sensation de vertige s’installa.

La perception visuelle fut comme troublée, non tant par l’afflux d’autant de chefs-d’œuvre exposés là dans un « désordre organisé « *, que de leur présentation. L’impression est celle de rentrer dans les appartements du Dr Barnes, parfois même l’atelier d’un peintre encombré des toiles de ses amis. C’est, lit-on, une muséographie respectueuse du testament du Dr Barnes.

Les chefs-d’œuvre du Musée sont, sans contexte, la première version du tableaux des « grandes baigneuses » et « les joueurs de cartes » de Cézanne.

D’autres toiles : « La famille du peintre », de Renoir, « nu couché », de Matisse, « paysage », de Corot, « la jeune fille à la chèvre », Picasso, « un groupe de danseuses », de Degas, « 6 ou 7 petits formats de jeune fille », Renoir, quelques ferronneries d’art, ici et là, et plus encore.**

Ici, et quelques salles plus loin : « La danse » de Matisse,(esquisse dessinée sur le mur par le Maître), « Léda au cygne », de Cézanne, « La jeune fille en robe du soir », de Modigliani, « vue d’Etretat », Matisse, « Le fumeur », Van GoGh, « Le déjeuner sur l’herbe », Renoir, et d’autres nus, « La Source ». « Les paysans », Picasso, « le Rifain assis », Matisse, « Portrait », Rembrandt, « autoportrait », Soutine, « La toilette », Gauguin, « Rosa la rouge », Toulouse-Lautrec, « Jeanne Hébuterne » Modigliani.

Là, « Cinq baigneuses »de Renoir occupent le centre de la pièce encadrées par deux paysages de Cézanne. « L’ascète », magnifique vieillard de la période bleue et « L’acrobate et le jeune arlequin » de Picasso, « mauvaise surprise », de Rousseau.
Un salle consacrée à Matisse : « le bonheur de vivre ». « La leçon de musique ». « Le piano ». « Les trois sœurs ». « L’atelier aux poissons rouges ». « Femmes mauresque ».
De par leur nombre, les tableaux de Renoir et Cézanne sont omniprésents ; en moindre mesure Matisse et Picasso.

Imaginez que plus de 700 autres tableaux, tout aussi extraordinaires vous attendent. Vingt-trois « Room » composent le musée, soit 887 œuvres d’art.

Qui peut refuser ce jeu narratif, qui semble n’obéir à aucune règle ? Essayons avec l’inventaire à la Jacques Prévert ? Ou peut-être l’inventaire de Daniel Defoe, l’auteur de Robinson Crusoe, dont on perçoit le plaisir dans l’énumération des choses abandonnées sur l’épave et la plage ?

Là, point de pédanterie comptable et mercantile. En fait, on sent un souci méticuleux de précision comme si Barnes voulait mesurer l’espace et le temps. Et même, on a l’impression de surprendre une conversation qui se serait tenue entre Monsieur Barnes et tous ces grands peintres vêtus d’une nudité esthétique, brillante, colorée, harmonieuse comme un vêtement printanier.

Dans cette grande construction formelle qu’est l’accrochage des tableaux, on a du mal à trouver de l’ordre, ou même une quelconque harmonie. Parfois, il y a comme une illumination, avoir compris quelque chose et l’impression d’être dans un capharnaüm, tout en éprouvant une félicité extatique et glacée : un hors soi, en quelque sorte.

Barnes veut-il nous faire comprendre qu’en parcourant chacune de ces salles nous ne vivons pas dans la réalité, mais dans l’espace conventionnel et artificiel d’un musée, dont les tableaux en sont le parfait exemple ? Barnes nous laisse penser qu’il a conçu cet espace pictural, obéissant seulement au plaisir, son plaisir, comme s’il imaginait, tel un flâneur parcourant les routes du monde, tournant autour des choses, que l’art n’a pas de frontière. Ce en quoi nous souscrivons.

La Fondation Barnes est un musée et une école d’art ; les architectes Tod Williams et Billie Tsein en sont les concepteurs, tout en conservant l’esprit du Dr Barnes : cette Fondation a été créée dans un but non lucratif par Mr Barnes médecin brillant qui mit au point, en 1902, un antiseptique révolutionnaire soignant la blennoragie, qui faisait des ravages. Libéré des contraintes matérielles, il s’intéressa à l’art. Accueillant, malgré un « foutu caractère », issu d’un milieu modeste, créant son musée, il en autorisa l’accès aux ouvriers, aux pauvres en général et aux noirs, et envoya paître la bourgeoisie locale et les critiques d’art de l’époque.

C’est le plus grand musée d’art privé de Philadelphie qui possède une très grande concentration de chefs-d’œuvre postimpressionnistes, mais pas que…

L’art répond aux inquiétudes de l’être conscient et de ce fait lui laisse une très grande liberté.

J’y retourne.

André Michel Pouly

**Excusez du peu : la plus grande collection au monde de 181 Renoir, 69 Cézanne.
Plus 59 Matisse, 46 Picasso, 6 Van Gogh, 16 Modigliani, 21 Soutine, Monet, Manet, 11 Degas, Corot, 18 Douanier Rousseau, Courbet, 6 Seurat, Utrillo. Sans oublier El Greco, Rubens, Goya, Titien, Veronése. De Chirico. William Glackens, Charles Demuth, Maurive Prendergast. Cent vingt-cinq pièces d’arts Africaines, céramiques. Manuscrits médiévaux. Sculptures Égyptiennes, Grecques, et Romanes ; ainsi que des arts décoratifs Américains et Européens. Un goût très sûr. Barnes avait de l’argent ; il investit environ 13 millions de dollars. Aujourd’hui, sa collection est estimée à 25 milliards de dollars.

 

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