« ILIADE » DE PAULINE BAYLE, REVELATION DU THEÂTRE 2018 , ACTUELLEMENT A LA SCALA

CRITIQUE. « Iliade » d’après Homère – mise en scène Pauline Bayle – La Scala, Paris, du 21 mai au 2 juin à 18h30.

Avec « Iliade » créé en novembre 2015 et « L’Odyssée » créé en octobre 2017, Pauline Bayle réunit ces deux œuvres fondamentales d’Homère sous la forme d’un diptyque. Ce diptyque inspiré d’Homère a très justement valu à Pauline Bayle le prix « Révélation théâtrale » du Syndicat de la critique en juin 2018.

Pauline Bayle, metteuse en scène, et cinq jeunes comédiens s’emparent avec intelligence, force et talent de « l’Iliade » d’Homère. S’affranchissant de tous les obstacles d’un texte monumental, ils nous content en une heure et demie ce moment de six jours et six nuits d’une guerre qui dura neuf ans.

Les cinq talentueux comédiens (Charlotte Van Beversselès, Florent Dorin, Alex Fondja, Jade Herbulot, Yan Tassin) passent avec aisance d’un personnage à l’autre en un rien de temps, par une mimique ou un insoupçonnable petit objet. La lecture est claire et ne nous perd jamais, passant des rôles féminins aux rôles masculins chacun est tout à la fois délicieusement drôle sans être jamais lourd ou vulgaire et nous touche au plus profond dans quelques magnifiques scènes empreintes d’humanité et de poésie.

La mise en scène de Pauline Bayle est sacrément astucieuse et d’une redoutable efficacité. D’un petit rien elle parvient à nous faire rêver de Grèce, de Troie et de l’Olympe. Ils sont tous présents, d’Achille à Agamemnon en passant par Hector, Paris, Hélène ou la flotte de bateaux grecs venus prendre d’assaut la ville de Troie. Même les dieux sont présents, pinaillant, risibles et donnant par là-même la part belle aux humains et à leur destin.

Malgré la densité du texte, de ses 24 chants et 15337 vers, l’adaptation de l’Iliade et la lecture de la troupe est limpide et ne laisse personne sur le bord de la route. Nous les suivons dans les batailles et dans des scènes plus intimistes, les changements incessants de rythme opérés avec malice permettent de donner une extraordinaire vitalité à ce texte tout en n’enlevant rien au sens de cette épopée. Les comédiens incarnent avec force et violence la souffrance de ces hommes et leur vulnérabilité grâce au minimalisme des effets qui permet aux comédiens un jeu animal et organique.

Pierre Salles

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