« GIRL FROM THE FOG MACHINE FACTORY », L’USINE A NUAGES AUX MANS DES ANGES

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CRITIQUE. « Girl from the Fog Machine Factory » – Thom Luz – CDN Orléans, 27 et 28 avril 2019 puis au Printemps des Comédiens 2019, les 18 et 19 juin.

Un spectacle centré sur ces machines à générer du brouillard, objets récurrents de la scène théâtrale. Il était temps de les mettre en vedette !

Ce serait une usine, génitrice de ces machines de toutes tailles. On y voit tout un bric-à-brac de cartons, ventilateurs, magnétos à bande, échelles, bidons, etc. Accompagné d’une douce mélopée chorale (« long time, very long time… »), le personnel débarque en combinaison de travail. La journée débute et chacun commence par timbrer son heure d’arrivée, puis se met à la tâche : vérifications diverses, essais techniques, appels téléphoniques…on réalise rapidement que l’usine de brouillard est en mauvaise posture. Pourtant chacun s’active à trouver des solutions créatives de relance. On expérimente de nouvelles idées de formes nuageuses et aussi de sons musicaux « ventilo-violoncellisés ». C’est fascinant, drôle, dynamique et ludique. Les employés semblent passionnés par leur ouvrage.

Jusqu’à l’entrée d’une jeune fille en robe rouge. Elle est accueillie par l’aimable chorus de bienvenue de toute l’équipe qui l’invite à visiter son lieu de travail. Chacun s’empresse de la guider vers sa recherche personnelle d’effets de brume. Une histoire d’amour se noue entre elle et le jeune ouvrier. On cite très (trop) brièvement Schoenberg, Böcklin et Andreas Züst. Puis, disparaissant dans un nuage touffu, la jeune fille réapparait habillée de la tenue de travail réglementaire. Absorbée par ce milieu éthéré.

Les expériences nuageuses se poursuivront, agrémentées de tuyaux, de ventilateurs, d’échelles et de captures dans de grands sacs plastique. Les interventions musicales, qu’elles soient chorales ou instrumentales, sont délicieuses. Habitées de sonorités anciennes, elles nous entraînent dans un temps immémoriel. Comme ces nuages, en somme, de tous temps présents dans notre atmosphère terrestre.

Jusqu’à l’accident.

L’usine à nuages, actionnée par ces anges aux voix d’or, sera-t-elle sauvée de la ruine annoncée? Qu’est-ce qui nous est réellement montré avec ces formes nébuleuses, éphémères et incontrôlables? Nous parle-t-on d’amour? de climat? de sociologie? D’existence? D’économie? ou encore de vie éternelle? De tout cela sans doute, sujets à catastrophes. A moins que, plutôt que fermer les yeux, nous portions nos regards vers de nouvelles solutions…

Culturieuse
Vu en janvier 2019 au théâtre de Vidy-Lausanne

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