« LA PLENITUDE DES CENDRES » : LE THEÂTRE COMME UN SPORT DE COMBAT

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CRITIQUE. « La plénitude des cendres » de et mise en scène : Yan Allégret avec Hacine Chérifi et Jean-Baptiste Epiard – Théâtre des Halles, Avignon – Le jeudi 28 mars 2019 à 20h00.

Il aura fallu quelques années pour que l’auteur et metteur en scène Yan Allégret parvienne à fusionner deux de ses passions, que sont le théâtre et les sports de combat, au sein d’un même espace. Chose faite avec ce spectacle atypique interprété par le comédien Jean-Baptiste Epiard et par le champion du monde de boxe Hacine Chérifi. Habitué des spectateurs et du ring, lieu de combat et de show, c’est sur une nouvelle forme de scène que le champion du monde éprouve cette fois son courage.

Courage de se mettre à nu, avec cette fois comme seule protection sa sincérité et la mise en espace du metteur en scène. Face à lui, le comédien Jean-Batiste Epiard fait le lien entre cette force brute, sa gestuelle, ses non-sens et cette recherche permanente de tout homme à vouloir prouver qu’il existe jusqu’au bout.

Yan Allégret travaille sans cesse à casser les codes, ceux du boxeur dans des déplacement lents, comme au ralenti, ou ceux du comédien, là incapable de trouver un langage autre que corporel à poser face au boxeur. Puis les deux finissent par se rencontrer, pour mieux fusionner, non sans souffrances et hésitations, dans cette fusion recherchée par l’auteur, comme une fureur de vivre.

Alliant de splendides images magnifiées d’éclairages en clair-obscur à une très belle bande son, Yan Allégret signe ici une mise en scène prenante et intrigante. De son propre aveu, désireux d’atteindre un niveau élevé de sincérité, le metteur en scène ne voyait pas un comédien dans le rôle du boxeur et c’est donc naturellement qu’il a proposé à un champion du monde de jouer son propre rôle. Excellente idée qui offre immédiatement au spectacle une autre dimension, quelque chose qui prend aux tripes, qui interpelle et qui bouscule. Une montée en puissance plus évidente des mots de l’auteur aurait pu fournir un spectacle peut-être plus entier, qui sur cette forme peut pécher par ce qui semble sûrement évident à l’auteur mais qui parfois déconcerte le spectateur.

Un bon moment de théâtre, laissant quelquefois sur sa faim, mais un spectacle avant tout porté à bout de bras et de souffle par Hacine Chérifi qui donne forme à ce viscéral besoin d’être et de dire ce que chacun a au fond de son cœur.

Pierre Salles

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