CRITIQUE. Festival En Chair et en Sons – Jusqu’au 14 mars 2018 – 100 rue de Charonne 75012 Paris.
Cette semaine le festival en Chair et en Sons a établi ses quartiers aux 100ecs, rue de Charonne, juste derrière l’opéra Bastille, les 100 ecs est l’abréviation de “Établissement culturel solidaire” 100 ecs est donc un lieu culturel expérimental, “ un espace de fabrication, de production, et de diffusion d’événements culturels, qui allie création artistique, démarche économique, et réflexion sur la société et son évolution.”
Et c’est drôle parce que ça se sent dans l’ambiance juste quand on ouvre la porte, à la façon dont on vous accueille, vous regarde, vous informe. Qu’on n’est pas dans un lieu tout à fait comme les autres.
Donc Michel Titin Schnaider, directeur du festival « En Chair et en son », qui prend place en octobre depuis maintenant plusieurs années, au Cube, à Issy les Moulineaux , organise cette semaine, plusieurs journées de concerts de musique acousmatique (festival Licences)dans lesquelles s’inscrivent des soirées de danse Butō. La musique acousmatique peut aussi s’appeler musique concrète. Si l’on considère que tout est musique, de la sirène des pompiers au doux bruit de la pluie, l’agencement de sons permis par les techniques electro-acoustiques produit un art acousmatique, et ouvre à la musique des univers infinis.
Michel Titin Shnaider et son équipe ont mis en place un acousmonium qui permet une écoute fine et pénétrante de cette musique qui se déploie tout autour des auditeurs.
Le Butō s’est engouffré dans la brèche, et toute la science de cette danse réside dans l’alchimie qui se crée sous nos yeux entre les deux disciplines. Au travers du corps de l’artiste, par la façon dont il appréhende le son, l’absorbe et le déploie, cet univers sonore devient palpable dans l’espace de la représentation.
L’artiste de Butō est un vecteur, il n’a qu’à lever le bout du pied s’il le fait au bon moment c’est tout un monde qui transparaît comme dessiné par l’adéquation entre la présence du danseur, son geste, la musique et l’espace. C’est une sensation presque magique, une autre forme de réalité augmentée, comme dans Mary Poppins ou l’on passe d’un claquement de doigts d’une réalité terne à un univers enchanté. Alors ce qui fait l’intérêt du Butō maintenant c’est la diversité de ces univers amenés par les danseurs qu’ils choisissent de donner à voir dans toutes ses dimensions , de rehausser, de sculpter, je dirai « de faire pousser.
Hier soir trois excellents solos ont éclos dans une petite salle sombre des 100ecs, au fond du couloir après les toilettes. Trois univers lumineux d’inventivité, de poésie, et d’étrangeté.
Claire Denieul
Efi Farmaki (photos)
Musique:Michel Titin Schnaider
Frédéric Rebieres
Musique:José Deutsch
Juju Alishina.
Musique:Ivan Magnin Chagnoleau.
Butoh dans mon coeur forever.
Jusqu’au 14 mars 2018
100 rue de Charonne 75012 Paris.
Photos Fabrice Paireault