CRITIQUE. « La vedette du quartier » de Riton Liebman (texte et interprétation), assistant à la mise en scène de Jean-Michel Van Den Eeyden – Théâtre du Petit Saint-Martin, Paris, jusqu’au 30 mers 2019.
C’est l’histoire de Riton, un (toujours) gamin qui raconte ses débuts triomphants au cinéma puis la jungle du « showbiz ». Il a 13 ans en 1977 lorsque, au désespoir de sa mère, il est choisi pour tourner dans « Préparez vos mouchoirs » de Bertrand Blier avec Patrick Dewaere et Gérard Depardieu. La scène où il finit dans le lit de Carole Laure fera de lui la vedette du quartier. Fort de cette nouvelle notoriété, il quitte alors l’école pour devenir acteur à Paris. Entre sorties, petits boulots et castings, c’est le Paris des années 80 qu’il découvre aux côtés des stars de l’époque. Mais le rêve initial a du mal à atteindre la réalité… Voilà pour le pitch !
Riton est allongé dans son lit, sur scène, lorsque les spectateurs pénètrent dans le théâtre. Sauf qu’il n’a plus 13 ans ! Mais il n’a rien perdu de ce don avec lequel il faisait rire les camarades de sa classe. Sur une mise en scène illustrée d’extraits de films, il raconte avec une faconde et un humour belge qui déchirent ; son monologue pourrait se résumer en un éclat de rire tant il enfile les anecdotes hilarantes comme on enfile de vraies petites perles, puisées au fil d’une vie qui fut loin d’être celle d’un long fleuve tranquille. Avec quelques pépites pour agrémenter la sauce, comme celle où il est le passager de Jean-Louis Trintignant. Ils sont arrêtés par la gendarmerie qui n’a pas aimé que le grand acteur, au volant de sa Porsche, ait brûlé un feu tricolore. Soudain un gendarme s’écrie : « Mais je vous reconnais, vous, en pointant le doigt sur… Riton. Vous êtes Aldo Maccione junior ! » Ce fut son heure de gloire. Il avait effectivement joué au côtés de l’acteur italien, champion toute catégorie du « m’as-tu-vu », et son rôle n’avait pas échappé à la maréchaussée qui ignorait superbement son chauffeur !
Pendant plus d’une heure Riton échange ainsi avec un public conquis et complice, toujours prêt à lui demander, comme ses copains du quartier : « Alors Gérard Depardieu, il est sympa ? Et Carole Laure, tu l’as vraiment b…? »
Il va finalement répondre à cette question, mais seulement à la fin du spectacle.
Alors, si vous souhaitez la connaître, vous savez maintenant ce qu’il vous reste à faire !
André Baudin