CRITIQUE. « LUDWIG II, Le Roi Perché », une idée originale de Kevin Maille (président de la Compagnie Les Joyeux de la Couronne) ; écriture, mise en scène et scénographie : Olivier Schmidt – du 25 au 26 janvier au Théâtre littéraire de La Clarencière – 20 rue Belvédère à Bruxelles (Ixelles).
Nous sommes en Bavière, en 1864, Ludwig II (joué admirablement par Julien Hammer) accède au trône, il est alors âgé de 18 ans. D’un caractère plutôt fantasque, incompris de ses parents, particulièrement de sa mère, Marie de Hohenzollern, Princesse de Prusse (sublime : Séverine Wolff), le jeune Roi va se voir obligé de contracter des fiançailles avec la duchesse Sophie-Charlotte (Aurore Mazieres), sa cousine, de laquelle il n’est absolument pas amoureux. Au contraire, il a une passion pour sa cousine Elisabeth d’Autriche « Sissi » (géniale : Aurore Mazieres), mais aussi un amour inconditionnel pour le compositeur Wagner -dont il sera le Mécène- (excellent : Julien Antonini) et un penchant certain pour les jeunes hommes. Il entretiendra plusieurs relations avec certains d’entre eux, notamment avec son écuyer Richard Hornig (très fort : Olivier Schmidt).
Ludwig II est un passionné d’art et de musique, de théâtre aussi. Il aime faire des cadeaux et prête volontiers son argent. Il sera d’ailleurs victime du culte qu’il voue à Wagner, qui, avec la connivence de sa femme, saura lui extorquer des sommes considérables.
L’ouverture d’esprit de ce roi pas comme les autres, son avant-gardisme à une époque où les « déviations » sexuelles ne sont pas tolérées, son désir de gloire, ses dépenses et ses histoires d’amour, entre autres, lui valent d’être déclaré « aliéné mental ».
Il est enfermé et suivi par des psychiatres, notamment par le Docteur Von Gudden (Julien Antonini).
Quelle sera l’issue de cet enferment, de cette incroyable histoire ? Pour le savoir il faudra découvrir ce spectacle, qui n’est malheureusement plus à l’affiche à Bruxelles, mais qui se jouera, entre autre, à Avignon cet été. Mise en scène : Une pièce avec 5 nominations aux P’tits Molières 2018 !
Personnage peu connu et plutôt mystérieux, considéré d’une beauté presque angélique, très haut de taille (il mesurait en effet, 1,90.) Ludwig II, dit le Roi Perché est brillamment mise en scène par Olivier Schmidt. Une heure trente de pur plaisir, le temps paraît trop court, on en redemande. Tous les ingrédients sont là pour faire voyager le spectateur dans l’univers lumineux et à la fois cruel de Louis II de Bavière. La morale, la liberté sexuelle, « la cruauté du jeu politique » ; « le droit à la différence », des sujets d’actualité nous dit Olivier Schmidt qui choisit de nous le raconter à travers cette magnifique pièce., et on adore !
Les jeunes comédien/ne/s, toutes et tous aussi talentueux les uns/es que les autres : Compagnie « Les Joyeux de la Couronne » : Comédiens : Julien Hammer (Ludwig) ; Aurore Mazieres (Elisabeth « Sissi », Sophie Charlotte) ; Julien Antonini (Richard Wagner ; Von Gudden) ; Séverine Wolff (Marie ; Cosima ; Walkyrie) ; Olivier Schmidt (Page ; Richard Hornig). Passer d’un personnage à un autre avec un laps de temps assez court, ces jeunes talents le font à merveille. À suivre, la Compagnie « Les joyeux de la Couronne », crée par le génial Kevin Maille, et dont le prochain spectacle se jouera cette année : l’adaptation du célèbre vaudeville de Feydeau « Monsieur Chasse ».
« LUDWIG II, Le Roi Perché », un théâtre comme les aime, j’y vais. À voir et à revoir certainement.
Un petit mot sur cette incroyable et surprenant petit théâtre littéraire de La Clarencière qui a vu le jour en 2001, niché en plein cœur du quartier d’Ixelles, proche de la Place Flagey. Géré par Fabienne Govaerts qui accueille le public, tel son hôte, chez elle ! Et oui, le théâtre est sa passion, et Fabienne aménage la salle de théâtre au sous-sol, avec un espace genre « petit salon » un joli petit bar et ses fauteuils. Tout en couleurs, très accueillant, mais surtout riche « littérairement parlant » puisque les scènes aussi intéressantes les unes que les autres s’y succèdent durant toute l’année.
La Clarencière on y va !
Julia Garlito Y Romo