« 2147, ET SI L’AFRIQUE DISPARAISSAIT ? » : RECONCILIER LA PLANETE

CRITIQUE. « 2147, et si l’Afrique disparaissait ? » – Moïse Touré – Le Tarmac, Paris, du 9 au 11 janvier 2019.

Moise Toure est un artiste qui pourrait réconcilier une planète entière rien qu’avec ses spectacles. Pour « 2147, et si l’Afrique disparaissait ? » il travaille avec toute une palettes d’artistes de nationalités différentes. Le propos arrive en réaction à un rapport de l’ONU préconisant que selon les statistiques, l’Afrique sortirait de la pauvreté seulement en 2147. Ce spectacle arrive à la suite de celui créé en 2004, à partir du même postulat. Moise Toure qui observe l’Afrique avec l’attention qu’on porte a ses racines n’a pas eu envie d’attendre plus longtemps pour surenchérir 14 ans après à son propre travail. Et où en est l’Afrique ?

Si l’on s’en remet au constat il n’est pas réjouissant. Mais à tout prendre si l’on se réfère aux prévisions climatiques il n’est guère plus heureux pour le reste du monde. L’occident se serait planté finalement puisqu’il semble ne plus pouvoir aller plus loin. Bref nous sommes tous dans le même bateau. Et à ce point de vue l’Afrique avec la somme de créativité,d’inventivités et d’humanité qui sont ses véritables trésors, peut désigner la route d’une nouvelle ère. C’est là le propos de Moise.

Et ce qu’il nous donne à voir déborde de vitalité, de beauté, et de diversité. Les danseurs et danseuses aux corps charnus et fermes de toutes les couleurs de l’humanité dans une chorégraphie de Jean Claude Gallotta, font une fois de plus voler en éclats nos codes classiques d’une féminité sans fesses ni seins ni ventres sur une musique et des chants qui arrosent le spectacle d’une puissante et belle énergie. Les textes se faufilent avec bonheur entre les tours de danse avec toujours cette façon simple, presque malicieuse de dire les choses comme elles sont, même les plus terribles. Un petit homme aux jambes arquées aux dents du bonheur se distingue par la force de sa parole, la conviction de sa présence paisible et affirmée, c’est Charles Watara.

La salle du Tarmac, menacée d’être engloutie par le théâtre Ouvert sur ordre ministériel est peuplée de spectateurs aussi divers que la distribution du spectacle, je suis encadrée par deux hommes qui m’ont fait de la place pour que je sois moins près de la scène, ils sont noirs, je me sens au coude à coude avec eux faire partie du même monde fraternel, je sais’ moi, blanche comme de la crème, que leur couleur de peau et leur origine n’a pas plus d’importance que la mienne, car nous croyons aux mêmes valeurs. En faisant fi de toute repentance et revendications puisque c’est vers l’avenir que nous nous tournons et que nous ne pouvons pas éternellement être responsables en tant qu’individus des actions de nos ancêtres et de nos dirigeants même si nous les reconnaissons et nous les déplorons. Et puis la rancoeur n’est pas le sujet, le sujet c’est de savoir ce qu’il y a de commun en nous tous.

De la traite négrière de l’ esclavage au massacres du Rwanda en passant par les réfugiés qui meurent en Méditerranée, l’évocation de ces terribles événements ne contient aucun reproche tant la justesse du ton et la beauté de ce qui se passe sur scène marque les esprits et parce que de toutes façons nous sommes tous dans le même bateau.

« 2147, et si l’Afrique disparaissait ? », je t’en prie, reste avec nous, continue ta route et déverse au fils des représentations les tonnes d’énergie positive, et cette capacité que tu as à nous projeter dans un futur ou des spectacles comme toi, nous aident à trouver le chemin.

Claire Denieul

* Sur les textes de Alain Behar , Claude Henri Buffard, Hubert Colas, Dieudonne Niangouna, Odile Sankara, Jacques Serena, Fatou Sy’ Aristide Tarnagda. Musique Rokia Traore.
** Avec : Ximena Figueroa (Colombie), Richard Adossou (Benin), Romuald Kabore. (Burkina Faso), Ange Aoussou Dettman. (Côte d’Ivoire), Jean Paul Mehansio (Côte d’Ivoire), Cindy Émilie. (Martinique), Charles Watara (Burkina Faso), Fousco et Djeneba. (Mali)

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