CRITIQUE. « Radieuse vermine » – Mes : David Mercatali – actuellement au Petit Montparnasse, Paris – Mercredi, jeudi, vendredi et samedi : 19h – Samedi: 16h – Dimanche : 17h15.
Qui n’a pas rêvé de se voir offrir une maison ? Telle est l’idée de départ de la comédie de Philip Ridley mise en scène par David Mercatali. Olive et Fleur s’aiment depuis l’adolescence et vivent maintenant dans leur petit appartement de ce quartier mal fréquenté, jusqu’au jour où ils vont recevoir par la poste cette formidable proposition : la ville leur offre la maison de leur rêve… Le deal ? Ils rénovent cette maison dans un quartier à l’abandon et nul doute que cette belle maison rénovée attirera de nouveaux propriétaires et relancera ce quartier déserté. Fleur est enceinte et, désirant le mieux pour sa famille, ne peut résister à cette alléchante proposition…
Avec des looks de « premier de la classe » comment s’attendre à un tel déferlement trash et glauque dans ce petit bijou d’humour noir ? Les trois comédiens triturent la bienséance et n’ont de cesse de nous mettre sur de fausses routes.
Joséphine Berry dans le rôle de cette mère prête à tout pour le bonheur de sa famille et Louis Bernard, se découvrant des talents insoupçonnés en tant que père passé maître dans l’art de la tuerie de masse, nous délectent par tant de talent à faire passer des actes odieux pour de simples parcours de santé en famille. Famille dans laquelle, par « nécessité » puis peu à peu par goût, l’assassinat est préféré à la ballade VTT du dimanche. Mais tout n’est pas que comédie dans cette satire de notre société dans laquelle l’appât du gain facile et l’envie d’immédiateté gomme bien des remords et des regrets.
Tout va très vite dans ce spectacle virevoltant qui démontre une fois encore que le théâtre n’a besoin que de talents pour faire vivre aux spectateurs les situations les plus improbables. Ici nul accessoire, nul décor ou artifice, seuls l’excellent jeu des comédiens et une mise en scène au cordeau et au tempo irréprochable nous permettent de plonger la tête la première dans ce conte noir, loufoque et fantastique.
Pierre Salles
Radieuse-Vermine © Jessica-Forde