KAIXUAN FENG, L’ART DE CREER AVEC L’ÂME ENTRE DEUX MONDES

MAGAZINE. Exposition Kaixuan FENG – « Encre de Lumière » – Valverde Art Gallery, Rue Ernest Allard 37, à 1000 Bruxelles (quartier du Sablon) – Jusqu’au 10 septembre 2018.

L’œuvre divisée en quatre parties :
« Encre et Lumière » a véritablement illuminé les visiteurs de l’exposition des œuvres de Kaixuan Feng. Un parcours des sens, du beau, du délicat, de la finesse, dans une immersion du soi profond. Une sensation de paix mêlée d’histoire, de vécu, l’art de donner une nouvelle âme aux drames de la vie en transformant l’espace-temps et la douleur en délicatesse et en douceur : la mémoire des âmes disparues retrouve une seconde vie pour ne pas sombrer dans l’oubli, avec cette surprenante artiste chinoise.

Un nouveau regard sur la Chine.
Entre calligraphie chinoise, art corporel, confections, Kaixuan a ouvert l’exposition en peignant avec ses cheveux imprégnés d’Encre de Chine ! Vous avez bien lu, avec ses cheveux, l’artiste a tracé des caractères géants sur une toile monumentale à même le sol, en pleine rue, transformant ainsi son corps en pinceau ! Une série de ces toiles particulières exposées sous le thème « Cheveux d’Encre » sont des œuvres ayant toutes été réalisées de la même manière : entourée ou devant un public nombreux (certaines d’entre elles ayant parfois rassemblé plusieurs centaines, voire des milliers de personnes). Pour elle, chacune de ses performances devient un « exercice rituel » une « occasion de métamorphose et de réincarnation ». Pour l’occasion elle confectionne une nouvelle robe de couleur blanche, en soie, en dentelle ou autres textures. La robe est imprégnée de l’encre qu’elle utilise avec ses cheveux, n’est pas lavée et devient une œuvre d’art que l’artiste expose avec le reste de son travail. « La robe, nous dit-elle, représente un vécu ; une vie et devient d’elle-même une œuvre ». Devant la Valverde Gallery, elle trace le mot « SAHẲ » qui veut dire « notre monde », à savoir, « le contraire du Nirvana », nous explique Kaixuan, « nous vivons avec nos difficultés dans ce monde qui est notre vie et nous devons l’accepter telle qu’elle est ». Le fait de peindre sans les mains est « se libérer des outils » ; « avoir les mains vides c’est comme l’amour : quand tu n’as rien dans les mains, que peux-tu donner ? » « C’est une façon de se libérer de soi-même aussi et de rejoindre quelque chose de plus lumineux ; rejoindre le grand Moi en oubliant le petit Moi ».

Pour « À Corps perdu », autre sujet, l’artiste utilise la peinture et la calligraphie chinoises qui « prennent leur source dans la nature et l’harmonie ». Elle nous explique ici, qu’il s’agit de prendre conscience de l’importance du respect lié à la nature et aux éléments qui la composent : « Défis de ce siècle ». L’art de la calligraphie sur des corps humains, nus. Signification : l’importance du bien-être des gens dans un monde pollué. « La Chine, nous dit-elle, est très polluée, la respiration est donc très importante pour le peuple chinois, qui doit très souvent se protéger de l’air nocif. Malgré cela, ils continuent à vivre en se projetant dans le futur ». Cela force le respect et l’admiration de cette incroyable force qui est, entre autre, mis en valeur sur ces corps.

Filtres à café
Des lacs, des forêts, des montagnes, voilà autant de paysages que Feng représente sur les filtres à café dans le style de l’art de l ‘éventail, mais également des mail-art (un genre d’enveloppe) qu’elle crée dès 2009 et qu’elle utilise pour convier ses invités. Ils deviennent par la suite une création personnelle, réutilisant ces filtres à café (initialement destinés à la poubelle) en magnifiques œuvres d’arts anoblies dans un encadrement tout en transparence. Une peinture traditionnelle dans un « matériau humble ». Elle y voit également le symbole du mélange de deux cultures (desquelles elle fait partie : la Chine et la France) unissant la tradition du café à celle du thé. Elle confectionne ainsi une robe tout en sachet de thé, que l’on a pu également admirer chez Valverde.

Et enfin : « Don de Soi »
La photographie dans toute sa splendeur. L’artiste se met en scène sur chacune d’elle dans un environnement cassé, détruit, comme celui d’une fabrique ou d’une maison en ruines, dans les champs, ou des pièces désaffectées, mais également chez l’habitant. En effet, après des études en France, menacée de retourner dans son pays, elle place ces affaires personnelles chez des personnes qui l’ont hébergée. Un choix s’impose à elle : si elle doit rentrer en Chine, elle les offrira à ces différentes familles ; si elle peut rester, elle les garde. Elle en fera des photos profondément émouvantes, qui parlent d’elles-mêmes. Une vérité crue, révélatrice, à la fois magique et intrigante, sublime, touchante, spirituelle. Elle y apparaît sublime de beauté, le rouge aux lèvres, parsemant des détails chargés de symbolisme, que le visiteur avisé découvrira. Les livres et les pages blanches ou noircies en chinois ou en français, nul ne le sait vraiment. Ces documents représentent la vie dans ce monde ou celui d’après. Ils peuvent se lire dans plusieurs sens ou pas. Rien n’est écrit, tout se crée devenant un vécu, celui de tout un chacun, différent, semblable… « On est comme une page blanche et les taches sont notre parcours, notre histoire » raconte Kaixuan, « Les trois rouleaux suspendus, sont la base qui veut dire émotion » ; la brume devient « pollution » ; les chambres le « carnet d’adresse ».

Émotion. Pureté. Sagesse. Messages de paix. Mémoire d’une Chine qui a souffert. Beauté. Talent. En deux mots : Kaixuan Feng. Une artiste multi-talents, à suivre assurément.

Julia Garlito Y Romo

L’extraordinaire travail de l’artiste Kaixuan FENG a pu être admiré à Bruxelles dans la Galerie Valverde du 3 au 10 septembre 2018. La Galerie Valverde nous épate une nouvelle fois avec cette nouvelle exposition au plein cœur de Bruxelles, dans le prestigieux quartier du Sablon. Marc Valverde : le don de nous faire découvrir des talents surprenants.
Pour rappel il s’agit d’une galerie éphémère de Marc Valverde, située dans ce quartier connu, entre autres, pour être le lieu de l’art par excellente, mais pas seulement. Le galeriste a fondé la Valverde Art Gallery en juillet 2017, Place des Vosges à Paris, dans le 4ème arrondissement. Il se présente également à travers les salons, les foires internationales d’art contemporain et les galeries éphémères, comme celle-ci, à Bruxelles. Sa vocation ? « Soutenir la création émergente et présenter des artistes contemporains plus établis », le tout, en « construisant des relations durables avec ses artistes. Son ambition ? : « Faire découvrir des artistes étrangers en France et inversement ». Son souhait ? : « Susciter l’émotion et le bonheur ». Sublimation de l’âme et du spirituel : « Les couleurs de l’infini » à suivre absolument !

Note : Valverde Art Gallery utilise le magnifique bâtiment de Paula et Daniel Smets Raiglot : Art Gallery Smets Raiglot.

Programmation 2018 :
« Nouveau regard sur l’Italie, » de Andrea R. Mattoni, Fausto Manara, Alessio-B

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