AVANT-PREMIERE AVIGNON OFF. LA MAGIE LENTE – Cie L’idée du Nord – Texte : Denis Lachaud – Mise en scène : Pierre Notte – Comédien: Benoît Giros – Théâtre Artéphile – Du 6 au 22 juillet à 19h40.
Lors d’un colloque en psychiatrie, un praticien communique sur une erreur de diagnostic qui entraînera une incidence dramatique sur un patient en proie à des hallucinations auditives, conséquence d’un passé traumatique? vécu dans son enfance?
Mr Louvier, « étiqueté », à tort, Schizophrène, sera traité par de puissants neuroleptiques et autres médicaments pour l’humeur. Mécontent de cette « camisole chimique » de son psychiatre qui ne l’écoute pas, il décide d’en changer.
Peut-on vivre normalement lorsqu’on a l’impression, dans le métro, dans la rue, là où il y a des hommes, d’entendre des voix qui nous disent des horreurs. Avoir des hallucinations auditives, se sentir souillé et perpétuellement angoissé, quel que soit l’endroit où l’on se trouve. Les médicaments, c’est pratique: deux trois petites pilules, quelques gouttes en plus et vous croyez que cela suffit ?
Louvier rencontre un autre psychiatre dont le diagnostic de bi-polaire semble lui ouvrir une autre perspective quant à sa possibilité de sortir des rives de l’enfer qu’il traverse. Parler, parler, utiliser les mots, leur puissance pour se construire, se redécouvrir, s’apaiser des pensées qui l’obsèdent. Raconter à l’envie ce qu’il se passait pendant les vacances, en Bretagne. L’oncle. Mettre des mots là dessus. « À mes parents je ne pouvais rien dire. Je n’ai rien à dire ».
Benoît Giros, comédien, incarne Mr Louvier et tous les personnages à la fois : psychiatre, L’oncle, les « hallucinations », toutes les voix. Mis en scène par Pierre Notte, Benoit Giros endosse à la perfection tout ces personnages. Ce morcellement colle bien avec l’idée des diagnostics du patient : schizophrène ou bi-polaire.
Les mots crus, grossiers, obscènes sont éructés pour dire l’innommable, l’impensable, le traumatisme subit dans son enfance. Dire ne va pas de « soi » ça fait mal…dire la honte, le dégoût. Comment se débarrasser de ce qui colle à la peau? De ce qui s’est passé! Pourquoi cette haine indicible qui inlassablement interroge, questionne, met à mal nos certitudes.
Lentement, séance après séance, la vérité cachée se fait jour. La douleur laisse sa place à l’apaisement. Ce long cheminement puise dans ses souvenirs enfouis, ses réminiscences. S’adressant aux spectateurs, Benoît Giros, au travers de ses personnages, nous interroge. Comment parler de soi ? De nos fantasmes, nos angoisses, nos peurs, nos compromissions, nos petites lâchetés ? Lâcher prise…
Le texte de Denis Lachaud, documenté, va à l’essentiel. La psychanalyse, magie lente, traite « des traits de perversions » qui font partie intégrante de la constitution normale de l’individu.
La mise en scène est simple : Table, chaises, lampe, verres d’eau, ordinateur dans un écrin sombre, noir. L’atmosphère indéfinissable du plateau souligne la magie des mots et la lente reconstruction d’un être en déshérence.
J’y vais.
André Michel Pouly
Peut être, est-ce le propre de l’homme d’attendre un moment de souffrance presque insupportable, avant de daigner demander de l’aide, pour tenter de changer quelque chose à une situation conflictuelle interne ou externe. Freud a proposé une solution à ce dilemme, en créant une situation particulière, celle du cadre analytique qui permet le dévoilement de « la vérité « .