AVIGNON OFF 2018 : « CLAUDELKAHLOWOOLF », DE MONICA MOJICA

AVANT-PREMIERE-AVIGNON OFF 2018. « CLAUDELKAHLOWOOLF » – Cie Horizontal-Vertical – Dramaturgie, conception et mise en scène Monica Mojica – Théâtre Artéphile – Du 6 au 22 juillet à 22h10.

Le sujet : Trois femmes endossent, « revêtent » les costumes de Camille Claudel, Frida Kahlo et Virginia Woolf. Ces icônes féminines reconnues se comparent, s’opposent, composent, inventent pour s’emparer de leur vie.

Sur scène : une grande table, un banc, des chaises, des ventilateurs, des micros, une jatte de lait, des bouteilles …. Face à la salle, aux spectateurs, toutes trois boxent…le destin ? le sort ? l’incompréhension ? le génie… la vie ? Ces trois femmes se racontent des fragments de leur histoire au travers de ce qu’elles ont intensément vécu.

La vie de Frida Kahlo bascule après son effroyable accident. Le bruitage rend compte du choc, des tôles déchiquetées du bus, des os qui se brisent, d’une barre de fer qui l’éventre…

Un autre personnage s’avance au micro, comme pour une confession, elle évoque sa famille, omnipotente, son frère Paul, et d’une voix monocorde d’autres avatars à tel point qu’elle s’empêtre dans son monologue et finit par ne plus en saisir le sens. Plus tard elle n’aura de cesse de fustiger son rapport avec l’homme à la barbe, Rodin, de l’avoir elle, Camille Claudel, dépossédé de son talent.

La scénographie incruste des dialogues, lettres et correspondances des artistes. Ils soulignent la parole, le plus souvent. Tout comme ces images, projetées en fond de scène, d’humain à tête de cervidé qui se reflète dans l’eau…un Dieu aurait-il été offensé? Quelqu’un doit-il mourir? L’eau, la mort, omniprésents dans la vie de Virginia Woolf! Ce rôle tout en retenu, campe bien la personnalité dépressive ( et explosive) de l’écrivaine.

Contraste évident du rôle pour faire revivre Frida Kahlo, fière de ce qu’elle est devenue et qui expose sa généreuse personnalité: flamboyante, décomplexée, amoureuse, fêtarde, alcoolique. La scène de beuverie, comme en un concours, rythmée par le choc des verres et des bras qui se croisent sur la table, évoque, ironiquement, la Cène, où le vin est partagé. Sa vie aurait pu être définitivement brisée; elle en a fait, paradoxalement, des raisons de lutter contre ses corsets métalliques, ses fausses couches sanglantes et autres avatars de sa vie passionnelle avec Diego Rivera.

Ces récits, réels ou fictifs, dépassionnés juste ce qu’il faut pour laisser entre-apercevoir un espèce de «climat » empreint d’une certaine IN quiétude.

Chaque actrice s’empare de la psychologie des personnages et nous fait vivre leurs émotions, leurs intentions au profit d’une mise en scène dépouillée, ou seul l’intensité du récit, sa dramaturgie, permettent au spectateur de s’insinuer doucement dans ces moments de vies Extraordinaires.

La mise en scène de Monica Mojica-Frida Kahlo, les comédiennes Jessica Hinds-Virginia Woolf et Clara Rousselin-Camille Claudel ont fait le pari de nous faire vivre quelques morceaux de « vie » au cœur du génie ou de la folie de ces artistes.

Folie…Camille Claudel, ne faisait plus la différence entre son atelier et son domicile. Désordre indescriptible. Internée à la demande de sa famille, passera les trente dernières années de sa vie à l’asile de Montdevergue, Montfavet. Folie…elle ne sculptera plus. Ce fut son arrêt de mort. Très grand délire de persécution. De sa relation tumultueuse avec Rodin, atteignirent au génie de la sculpture.

Folie…Virginia Woolf, romancière, intellectuelle reconnue, figure bi sexuelle assumée. Folie…maniaco-dépressive. Mourrir, se suicider pour échapper à cette mort lente lorsqu’elle était en période de détresse.

La folie, au sens clinique, médical, n’est pas appliquée pour Frida Kahlo. D’un tempérament impétueux, aimant tout de la vie, le sexe particulièrement, suffisant pour l’affubler d’hystérique, elle s’en moquait. Contrainte à renoncer à ses aspirations, son handicap lui permit, au travers de ses toiles, de mettre en scène sa douleur. De sa relation avec Diego Rivera, elle connaîtra les peintres surréalistes français, dont elle avait une mauvaise image. Fut reconnue en tant qu’artiste par André Breton pionnier du surréalisme. Génie donc.

Alors ! Pari réussi ?

Icônes du féminisme, toutes trois sont reconnues pour leur talent : peintre, sculpteur, écrivain. On ne peut jamais les dissocier de leur « mentor » Diego Rivera, Auguste Rodin, Léonard Woolf.

Pour ces trois grandes artistes, on peut évoquer, chez elles l’existence d’un processus cathartique. Leur vie et leur œuvre sont une même aventure.

Alors ! Pari réussi ?
A voir.

André Michel Pouly

Virginia Woolf se suicide par noyade. Déterminée, des pierres lestaient ses poches. Elle avait 47 ans.
Frida Kahlo, non sans avoir préalablement mis en scène ses funérailles, meurt à 47ans d’une embolie pulmonaire.
Camille Claudel. De son internement à l’hôpital psychiatrique de Montfavet (Avignon), à sa mort à l’âge de 79 ans, elle ne créera plus aucune sculpture

Distribution : Jessica Hinds- Virginie Woolf, Clara Rousselin- Camille Claudel, Monica Mojica- Frida Kahlo.

Photo André michel Pouly

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