Critique. « MOMO » – texte de Sébastien Thiéry – Mise en scène de Michel Kacenelenbogen – Grande Salle, Théâtre Le Public, Rue Braemt 64-70 à Bruxelles. Jusqu’au 23 juin 2018.
Dans un super marché, le couple Prioux (Michel Kacenelenbogen et Aylin Yay) font leurs courses. Le caddie est plein. Un individu sorti de nulle part, et sa boîte de Chocapic, va perturber le pauvre André. Revenue d’un autre rayon, Laurence ne comprend pas ce qui arrive à son mari. Pragmatique, Madame Prioux trouve une logique à toute chose, mais c’est sans compter sur la surprise qui les attend en rentrant chez eux. Patrick, un jeune homme sourd en manque d’affection, à la diction plutôt étrange, va chambouler la vie bien rangée de ce couple. Lui pharmacien, plutôt calme. Elle DRH, au caractère bien forgé. Trente ans de vie commune suffisent-ils pour se connaître vraiment ? Les doutes, les désirs et les sentiments enfouis font-ils ce que nous sommes en surface ? Et si se découvrir s’appelle tout simplement… amour ? Et si un enfant pouvait tout changer ? Qui est donc ce MOMO ? «Être ou ne pas être, telle est la question » ! Et vous ? Comment auriez-vous réagi ? Un dialogue de sourd ? C’est à vous de le découvrir !
Drôle à souhait, répliques hilarantes: « MOMO» une comédie burlesque qui vous déridera du début à la fin et au-delà du spectacle.
Comme toujours, Michel Kacenelenbogen (que l’on ne présente plus, tant la liste est longue) nous épate par sa mise en scène et bien sûr par son talent de comédien. Il endosse le rôle de Monsieur Prioux et on y croit ! Aylin Yay, alias Laurence Prioux, est décapante. Elle habite son personnage et nous fait éclater de rire. Plusieurs fois primée (prix de la meilleure actrice pour « Thomas est amoureux » et pour « La couleur des mots »; nominée aux Magritte de la meilleur actrice pour « Maternelle »; et j’en passe), cette artiste belge, d’origine turque, n’en finit pas d’épater. Textes classiques ou contemporains, théâtre, cinéma ou télévision, Yay est partout, et on adore !
Si la langue des signes ne fait pas partie du scénario originel, l’excellent Tristan Schotte, dans le rôle de Patrick, n’hésite pas un instant, et apprend sur le tas quelques mots de cette belle langue qu’il utilisera avec talent en incarnant le personnage sourd avec brio ! Le résultat est bluffant, et bien sûr, on aime ! Schotte, diplômé de l’INSAS, a, lui aussi, plusieurs casquettes, comédien (« Jojo au bord du Monde » de Jaubertie ; « Les gens d’Oz » de Borissova ; ou encore «L’Affaire de la rue Lourcine de Labiche;) mais également acteur dans des courts-métrages et sur petit écran, notamment dans la série « Kot ». Master en interprétation dramatique, ce comédien belge est une performance à lui seul.
Et enfin, Kim Leleux, dans le rôle de la jeune aveugle Sarah, celle qui doit épouser Patrick. Cette artiste, belge également, partage sa vie entre le théâtre (« Les combustibles » d’Amélie Nothomb ; « Cercle, Miroir, Transformation » de Thierry Janssen -voir article BDO Tribune- ) et la photographie. Elle parcourt le monde et nous fait partager son talent à travers son œil photographique. L’Afrique, l’Asie ou encore New-York, en passant par la Belgique du Nord au Sud et de l’Est en Ouest, Leleux photographe, comédienne mais aussi assistante à la mise en scène, notamment de « MOMO ».
Parce que l’essence même de la vie c’est aussi de rire, et de rire encore. Dans un monde où tant de choses perturbent et se disloquent, « MOMO », désopilant, fait du bien !
Julia Garlito Y Romo
Assistante mise en scène: Kim Leleux ; scénographie: Noémie Vanheste ; Lumière: Laurent Kaye ; Avec Michel Kacenelenbogen, Kim Leleux, Tristan Schotte et Aline Yay.
Photo Gregory Navarra
LE BRUITDUOFF TRIBUNE 