CRITIQUE. « Bérénice », Racine, mise en scène Célie Pauthe, Odéon, Berthier 17e, jusqu’au 10 juin 2018.
C’est très curieuse de voir ce célèbre et tant aimé classique, que je me suis rendue à Berthier ce vendredi. Quelle déception dès mon entrée dans la salle en voyant le décor… Si le tapis blanc, le sable et les voilages m’inspirent, le canapé d’angle – assorti de sa table basse, qu’on peut retrouver dans le salon de tout un chacun de nos jours – lui, me déroute ! Au-delà de l’inesthétique, j’ai du mal à saisir le concept du salon dans le désert. J’aurais pu y trouver une certaine poésie si le mobilier n’avait pas été si ordinaire ! Les costumes sont tout aussi déroutants. Ils se veulent intemporels mais le jean s’assorti mal au style antique de la coiffure et de la tenue verte de Bérénice – les puristes verront-ils une provocation dans cet étrange choix de couleur ?
Célie Pauthe n’en finit pas de me surprendre, alors qu’on pourrait penser que « Bérénice » se suffit à elle-même, elle a décidé d’accompagner la pièce du court film-poème de Marguerite Duras, « Césarée ». Film projeté par intermittence sur le voilage. Personnellement, celui-ci ne m’a rien apporté, et je dirais même, a ajouté un aspect désuet, très 1980, au spectacle. Quel dommage !
Je conclus sur une note positive, Clément Bresson est un merveilleux Titus, chaque alexandrin nous touche et nous transporte. Mélodie Richard est également une brillante interprète, bien que quelques vers criés en voix de tête ne me soient pas parvenus. Les comédiens amènent la modernité nécessaire à la reprise d’un répertoire si classique, et méritent, contrairement à la mise en scène, que le public se rende à Berthier pour voir ce Racine mi- figue, mi-raisin !
Norma Soine
vu le 11 mai 2018, lors de la première.