AGENDA. « Harlem Quartett » – d’après « Just above my head » de James Baldwin – adaptation et mise en scène Elise Vigier – Théâtre des Quartiers d’Ivry – du 22 au 30 mars 2018 – Durée > 2H30
“ La musique commence pas comme une chanson
Oublie toutes les conneries que tu entends
La musique peut devenir une chanson mais elle commence par un cri
Et ce cri est partout.”
C’est Hall Montana qui se souvient, qui raconte et retrace la vie de sa famille, de ses amis, une communauté noire américaine vivant à Harlem dans les années 50/60.
C’est ce fil rouge, emmêlé, complexe de la mémoire de Hall que nous allons suivre. Et à travers lui l’histoire de son petit frère Arthur. De Julia et de Jimmy. Autour du quatuor s’organisent d’autres quatuors, celui des trompettes de Sion par exemple, le groupe d’Arthur, celui de son enfance avec ses parents et son frère.
Harlem Quartet est un hymne d’amour vibrant, un chant d’amour de Hall à son jeune frère, mort à l ’âge de 39 ans, et à ses proches…
Au milieu de tout cela, il y a les chants de gospel à la gloire de Dieu, le combat pour les droits civiques, la violence et le sexe.
James Baldwin est né en 1924 dans le quartier de Harlem à New York. Auteur de romans – Les Élus du Seigneur, Un autre pays…-, d’essais – Chronique d’un pays natal, La Prochaine Fois, le feu… mais aussi de pièces de théâtre et d’essais. Il lutta toute sa vie contre le racisme et les discriminations dont les communautés noires et homosexuelles faisaient l’objet aux Etats-Unis. Refusant la violence, il devint une des figures emblématiques du Mouvement des Droits Civiques aux côtés de Martin Luther King.
Comment raconter cette histoire ?
Hall – narrateur nous balade dans sa mémoire, dans son histoire comme dans une ville. Il nous fait visiter son cerveau.
J’ai pensé un dispositif très simple, qui nous permettrait de passer de la musique à la parole, au jeu dans l’intimité d’une chambre qui serait définie par une surface de projection.
Film de famille, film super 8, disparition de l’image, du grain (grain de l’image, et grain de la voix, le chant des morts).
Une musique composée aujourd’hui par le poète écrivain, slameur américain Saul Williams en compagnie des musiciens français Manu Léonard et Marc Sens. Une musique prenant racines dans la grande tradition des gospels et de la soul pour mieux s’en échapper.
Ce qui m’intéresse aussi dans ce livre c’est comment on retrace une mémoire, comment on la reconstitue, cette nécessité absolue à un moment de la reconstituer et de la raconter : Hall commence à raconter pour son fils, pour que son fils sache que son oncle Arthur était un type noir, musicien et homosexuel et que c’était un type bien.
Elise Vigier
Photo © Tristan Jeanne-Valès