CRITIQUE. Hôtel Paradiso – Family Flöz – Du 16 janvier au 04 février 2018 à Bobino.
La Famille Flöz imagine depuis 1996 un théâtre fait de masques figés de latex auxquels tout leur génie fait prendre forme et vie. Sans aucun mot, cette troupe de musiciens, acrobates, acteurs donne vie sous nos yeux à tout un monde de poésie et de drôlerie.
Leur travail est collectif et c’est au fil des répétitions que le spectacle se construit et s’affine, chacun donnant vie à son personnage. Ici pas de troupe permanente mais une envie de travailler ensemble pour une création.
Pour ce spectacle qui tourne depuis 2013, les Flöz nous proposent de découvrir avec eux l’Hôtel Paradiso, petit commerce jadis rutilant qui n’est maintenant plus que l’ombre des fastes passés. Au centre, régnant encore comme le Maître des lieux, l’image du défunt Propriétaire. Deux de ses enfants se haïssent, autant que savent le faire des frères et sœurs après un décès. Autour d’eux, une vieille mère autoritaire pleurant son mari, une femme de chambre kleptomane, quelques clients hauts en couleurs et un cuisinier charcutier Hells Angels qui tient davantage d’Hannibal Lecter que du gentil cuisinier, maniant bien mieux la scie à découper que le fouet.
Le spectacle sans paroles est monté comme une série de sketchs. Les quatre acteurs enchaînent avec une rapidité déconcertante la création de personnages tous très convaincants dans leur gestuelle unique et précise. Les effets sont nombreux, souvent très drôles et l’horlogerie est bien huilée. Nous rions souvent de ce miroir de nos propres difficultés et travers. Les acteurs jouent formidablement et arrivent à donner une vie propre, une individualité et un réel élan poétique à ces masques de latex.
Néanmoins, le spectacle de déroule assez linéairement et quelques longueurs assombrissent légèrement ce beau tableau de famille. Une folie plus slave aurait allégé le spectacle…
Pierre Salles